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- LE VAGABONDAGE MARITIME Par F.L.

Portrait de Virginie

Avant-propos

Je tiens à rappeler que les réunions du 14 novembre 2017 à Caille et celle d’aujourd’hui 20 janvier 2018, à st Auban s’inscrivent dans un cadre unique : le thème du vagabondage, tel que nous l’avions défini il y a quelques mois avec Gauthier Vranken, « notre libraire-éditeur itinérant ». La bibliographie qui avait alors été proposée aux membres du club de lecture et du blog couvrait la plupart de ses aspects, sans prétendre contenir toutes ses expressions ni tous les auteurs qui ont vécu ou traité du vagabondage. Nous avions, non sans regret, laissé de côté André Gide et son « Voyage d’Urien » et tant d’autres auteurs-vagabonds connus ou moins connus. Avec une cinquantaine d’auteurs, nous pensions être parés. Ce n’était pas une U.V. de littérature que nous tentions mais une promenade chez des gens qui sortent de l’ordinaire des jours. Nous l’avions voulu, ce vagabondage, distinct des migrations comme du voyage, sans pouvoir -ni vouloir- empêcher une certaine « contamination » par l’exploration et l’aventure proprement dites. Les auteurs et les titres que je présente aujourd’hui y figuraient. J’en ai ajouté quelques autres, plus pour le plaisir que par boulimie. En novembre  dernier, je vous avais présenté le vagabondage ferroviaire. Aujourd’hui, je vous présente le vagabondage maritime.

 

Pourquoi le vagabondage maritime ?

 

       

   

          Et d'abord, pourquoi pas "marin" ?

          Parce que si ces deux adjectifs qualifient ce qui est relatif à la mer, seul « maritime » se réfère à la navigation sur mer.

         De même que les auteurs de la première présentation, celle du vagabondage ferroviaire, racontaient l’épopée de personnes qui ont utilisé la « voie de fer », les écrivains de la présentation d’aujourd’hui veulent raconter celle d’hommes et de femmes qui ont utilisé la « voie de mer » pour véhiculer leurs refus, leurs ambitions, leurs rêves.

          Pas plus que je n’ai voulu raconter l’histoire du rail, il n’est question de raconter l’histoire de la marine à voile ni en particulier celle de la voile dite de plaisance, hauturière ou non. Mais chacun des modes de transport, comme il crée le cadre, suscite les contraintes et les richesses d’une façon particulière de vivre l’aventure.

         L’aventure terrestre à travers  les continents, à pied, en voiture, à cheval ou à chameau, a déroulé ses souffrances et ses gloires spécifiques. Mais ses aventuriers nous sont très connus. Depuis Marco Polo, cela fait même plusieurs siècles qu’ils causent et qu’on en cause. Même l’aventure aérienne a eu son chantre avec « Pique la lune », alias Antoine de Saint Exupéry… Mais les navigateurs ? ceux qui vagabondent sur les mers du globe, dans un isolement qui dépasse celui du désert, car, ainsi que le dit si bien J.F. Deniau, le désert, c’est « la région où il n’y a que des hommes »…

         Oserai-je dire que les vagabonds-navigateurs sont aussi inconnus du public français que les hobos ?

Pourquoi ces auteurs ? Pourquoi ce choix ?

 

 Pourquoi pas

         les français Alain Gerbault (entre 1923 et 1929) et Eric de Bisschop (de 1931 à 1958) qui furent les précurseurs des périples transocéaniques sur des petites unités, pourquoi pas l’argentin Vito Dumas et son « tour du monde par la route impossible », qui fut, en 1943, le second* solitaire à passer le Horn sur un petit voilier, ou Marcel Bardiaux qui mena sa coquille de noix, « Les quatre vents », sur les cinq mers entre 1950 et 1958 ou le britannique Francis Chichester, navigateur audacieux, impavide et secret, entre 1960 et 1972, anobli par Sa Très Gracieuse Majesté avec l’épée même de Drake le Découvreur ?

        Pourquoi pas, tout près de nous, Sidney Gavinet, cet être énigmatique, hors du commun ?

       Je l’ai dit, parce que ce n’est pas une histoire de la voile.

 

Pourquoi seulement deux femmes ?

        Parce que ce n’est pas une histoire de la voile. Et parce que la navigation féminine en solo est récente. Nombreuses sont les femmes qui ont effectué des « croisières de haute mer » insensées et les ont racontées avec talent, comme Annie van der Wiele, pionnière de la grande croisière, entre 1950 et 1965, ou Anita Conti, photographe et première océanographe française entre 1950 et 1970, mais elles n’étaient ni capitaines (skipper) ni solitaires. Une des premières « navigatrices au long cours » -et peut-être la première-, « sans y être plus ou moins entraînée par un mari » (selon la formule de Laurent Charpentier dans Voiles et voiliers) est Nicole Van de Kerchove, surnommée NVDK, qui fut une amie et une émule de Bernard Moitessier, entre 1968 et 1975.

       On connaît les noms des circum-navigatrices en solo** mais on ne sait presque rien d’elles, même en consultant les sites Internet en anglais. On n’en sait pas davantage sur une autre navigatrice en solo, Anne Michaïlof, connue pour sa participation à la Transat et qui a écrit « La course buissonnière » en 1972, titre qui nous a un moment appâtés.

       Quant à Isabelle Autissier et Catherine Chabaud, gloires de la voile française, Ellen MacArthur gloire de la voile britannique, elles ont des parcours impeccables dans ce domaine, comme le seront par la suite ceux de leurs activités publiques et politiques. Elles ont pratiqué la voile hauturière avec passion. Leurs prouesses nautiques ont été l’expression et la démonstration de leur détermination, de leur dynamisme et de leur courage. Mais, à nos yeux, ces prouesses ont été du même ordre qu’auraient pu l’être pour ces femmes intrépides des concours hippiques, des championnats de ski, des records en avion ou des ascensions difficiles. Nous n’avons pas trouvé chez ces navigatrices - mais peut-être n’avons-nous pas su voir - la trace de ce subtil grincement de l’âme, de ce son désaccordé, cet imperceptible désajustement, signes de l’inquiétude fondamentale, consciente ou non, exprimée ou non, qui pousse les vagabonds, non à la poursuite de la gloire ou d’une réussite personnelle, mais à la recherche de leur vérité intime.

       Seules de ces « dames de la mer », l’aînée NVDK et la benjamine Florence Arthaud, avec leurs carrières de mer superbes et leurs personnalités hors normes, nous ont paru correspondre à la définition du vagabondage que nous avions choisie. Et puis, que voulez-vous, il faut bien choisir. Tout choix est frustrant, quelque part. J’ai voulu vous présenter des amis. Ce n’est pas une histoire de la voile…

 

Pourquoi huit français et seulement deux anglo-saxons ?

       C’est encore un choix délibéré.

       Il est impossible de parler de ce type de vagabondage en omettant les deux ancêtres mythiques : Joshua Slocum, canadien de Nouvelle-Ecosse naturalisé américain, et Jack London, qui ont véritablement créé le genre. Ces deux précurseurs ont eu une extraordinaire descendance. Ils ont exercé, avec leurs émules plus jeunes Bernard Moitessier et Eric Tabarly, une influence sur les générations suivantes qui rappelle celle de Joseph Lanza del Vasto et Henry David Thoreau. Comme eux, ils font partie de ces personnalités rares qui ont modelé les mentalités pour des années. Moitessier en particulier est, par sa personnalité charismatique et le lyrisme de ses effusions, le véritable fondateur de la moderne « mystique de la voile ». Tous nos aventuriers, dont beaucoup l’ont rencontré, s’y réfèrent et le citent et avec quelle affection !

       Les navigateurs sont nombreux mais peu d’entre eux sont des vagabonds dans l’âme. La vogue des multicoques géants et des records absurdes a le mérite d’attirer l’attention du public sur le monde de la mer mais la professionnalisation  envahissante de la course risque de diminuer encore, ou de faire oublier, le nombre de ces « amateurs », notion que nous allons essayer de définir, avec leur aide.

       Enfin, parmi les vagabonds maritimes, les français ont peut-être davantage que les autres nationalités tendance à intérioriser leurs expériences et à livrer cette intimité à travers un ou plusieurs livres qui ne soient pas de simples retranscriptions, plus ou moins heureuses, de leur livre de bord.

Caractéristiques des vagabonds maritimes

 

                                        « Mon esprit est un vagabond qui se plaît à s'égarer, et qui ne saurait encore souffrir

                                          qu'on le retienne dans les justes bornes de la vérité » René Descartes, Méditations

                                                                                       Métaphysiques

Les vagabonds des mers font partie d’une « Congrégation nautique »

      Jusqu’ici très masculine -voire macho-, très fermée, très unie malgré les rivalités, elle n’a aucun équivalent. Elle fonctionne avec une grande autonomie : elle a son langage, ses codes, ses rites, ses superstitions, ses instruments, ses bibles et ses chansons. Elle dispose en France d’éditeurs et de revues spécialisés, d’une manifestation tribale annuelle où se rassemble la troupe des initiés,  cachée au sein d’un vaste public : le Salon nautique de Paris. Des lieux mythiques : La Trinité sur mer,  Les Glénans, St Malo, hors lesquels il n’est pas de salut, pardon ! je voulais dire : pas de marin. Des idoles aussi, vénérées de tous : les Trois grands Caps : Horn, Bonne Espérance, Leeuwin, et leurs grands-prêtres : les « Cap-horniers » ; les routes « impossibles » : les Quarantièmes rugissants, les Cinquantièmes hurlants. Les Soixantièmes mugissants étaient inaccessibles et invaincus autrefois mais les grands coursiers des mers actuels vont y chercher aujourd’hui moins de milles à parcourir pour leurs tours du monde. Mais au prix de quels risques et quelles souffrances…

 

Tous sont des cancres de génie, des adolescents inspirés

           Ils se lancent aux âges tendres dans des activités nautiques : NVDK a quinze ans quand elle commence à naviguer, Florence Arthaud en a six quand son père lui confie la barre, Eric Tabarly fait à quatre pattes ses premiers « pas » sur un bateau et rêve à cinq ans d’être amiral. Certains peuvent refuser de faire quoi que ce soit d’autre, comme Slocum qui fugue pour s’engager comme mousse sur un bateau de pêche et qui écrit, une vie plus tard : « J’étais né dans le souffle du vent et j’avais étudié la mer comme bien peu sans doute, négligeant tout le reste »,  ce qui ne l’empêchera pas d’être un « dévoreur » de livres. Aucun n’a fait d’études brillantes. Jack London est un autodidacte. Tabarly fait un grand tour d’ « évitement », quitte à prendre de sacrées baffes de son père, avant de réussir son concours d’entrée à l’Ecole Navale (à près de trente ans) –et en sortir le dernier de sa promotion. NVDK est élevée à la maison par une mère qui rêve pour elle d’une carrière de pianiste. Un héritage la libère de son isolement et des études, mais pas de sa passion pour le piano. Un terrible accident arrête le cursus de Florence qui, à peine guérie, à dix-neuf ans, laisse un mot pour ses parents sur son oreiller : « Je pars embarquer ». Gérard Janichon, à vingt ans, abandonne ses études pour préparer son départ. Même Pierre Muraccioli, connu comme chanteur sous le prénom d’Antoine, est un élève moyen, avant de « se réveiller » brusquement en Maths-sup et être admis à Centrale. Même Jean-François Deniau, plus tard ambassadeur, ministre et académicien, s’est vu déconseiller de présenter Polytechnique puis Navale par les Jésuites qui l’éduquaient et tenaient à leurs statistiques de succès.

 

Tous sont des « marins de sang »,

        comme le dit si joliment du capitaine Slocum Florence Herbulot qui a admirablement retraduit son livre sous le titre « Navigateur en solitaire ».

        Ce sont des amateurs selon la belle définition qu’en donne JF Deniau dans « La mer est ronde » : « Amateur, cela veut dire « qui aime », et c’est bien de cela qu’il s’agit. J’aime la mer et j’aime être en mer. J’aime partir, larguer l’amarre et passer les feux ; j’aime naviguer, voir le vent tourner, la brise adonner, le ciel changer, la mer se former et se déformer ; (…) j’aime quitter une côte de vue, et, après un jour, huit jours, un mois, en voir apparaître une autre, qu’on attendait ; j’aime arriver, entrer, mouiller, et quand tout est en place, fixé, tourné, amarré, ferlé, rabanté, être à terre. Je suis un amateur.

        Mais, si l’on entend le langage commun, amateur, cela veut dire aussi : non-professionnel, avec une nuance de mépris ou même d’hostilité. C’est vrai. Il faut se faire pardonner, semble-t-il, ce qu’on fait pour son plaisir, ou simplement avec plaisir ».

        A part Tabarly qui est officier de marine de la « Royale », aucun n’a d’autre formation qu’une pratique presque incessante de la mer et l’enseignement que procurent plutôt rudement les marins plus experts et les épreuves, y compris Joshua Slocum, ancien de la marine marchande monté à la force du poignet, qui a « tout fait, tout vu, tout subi » (F. Herbulot, Préface).

       Parfois leur inexpérience fait frémir : ainsi Jack London et sa femme partis pour un voyage dans le Pacifique sans avoir de réelles compétences nautiques, sur un bateau qui ne tient pas la cape naturellement et prend eau de toutes parts et avec un équipage réduit et inefficace. Encore que notre débrouillard trouve, de façon si fréquente qu’elle en devient suspecte, les îles là où elles doivent être et l’entrée des passes dans les récifs de coraux, même de nuit. Le plus effarant est Antoine qui, après quelques balades et quinze jours à faire des ronds sur l’eau salée pour tests d’attirance et de compétence, se risque jusqu’à Tristan da Cunha, un des archipels les plus isolés du monde, en plein Atlantique sud, dans les Quarantièmes rugissants. Il n’y reste d’ailleurs que vingt-quatre heures, faute d’un mouillage sûr et repart dare-dare en direction de ses chers alizés et des escales fleuries des mers tropicales. 

        Même lorsqu’ils n’ont pas eu à lutter contre leur famille, à s’arracher à un cadre, tous ces nomades ont un point commun : ils ont tous choisi ce mode de vie. Si Jean d’Ormesson a pu dire : « Longtemps, je me suis demandé ce que j’allais faire de ma vie », aucun vagabond maritime ne s’est jamais posé la question !

La galère et la débrouille

                                    « Il semble parfois réconfortant, après tant de luttes contre les détails matériels

                                    toujours, contre les soucis d’argent souvent et contre les hommes quelquefois, de

                                    n’avoir plus en face de soi que des orages et des brumes ». Jean Mermoz, « Mes

                                                                                          vols »

          Inhérentes au vagabondage en général, ces deux goules n’épargnent pas les vagabonds de la mer. Capitaine au long cours à la retraite, Joshua Slocum a 51 ans quand on lui fait cadeau d’une épave dans un champ. Il va la reconstruire entièrement de ses mains pour le coût exact -qu’il annonce avec fierté- de « 553, 62 dollars de matériaux et 13 mois de (mon ) travail ». On croirait entendre Thoreau dans ses calculs de construction de sa cabane. Jack London est déjà un écrivain célèbre mais il fera construire le « Snark » sur ses droits d’auteur, embarquera sans plus un sou en poche et devra s’engager auprès de son éditeur à lui fournir un certain nombre de livres et d’articles pendant tout le temps de son errance. Autant dire qu’il ne chôme pas.

           Vrai « clochard de la mer », Bernard Moitessier vit de riz, d’amitié et de l’air du temps, fait de la récupération dans les poubelles des Yacht-clubs et plus tard vivra comme un calvaire des années de travail rétribué pour construire le bateau de ses rêves. Quant aux aventuriers du « Damien », Jérôme Poncet reçoit l’entier soutien de son père –qui aurait bien voulu mettre son sac à bord- mais  Gérard Janichon fera des petits boulots exténuants et se privera de tout pendant cinq ans pour pouvoir faire leur première expédition. Après s’être ingénié à mettre au point (comme Moitessier) de véritables stratégies de la mendicité -qui ne trompent personne-, ils  prennent tout ce qu’on leur donne et tout ce qu’ils peuvent ramasser du Spitsberg au Cap Horn, puis en Antarctique. Malgré son fier désir d’autonomie, Christophe Houdaille en fait autant dans les « îles de la Désolation » du Pacifique Sud.

            Florence Arthaud profite allégrement, au début, de sa famille bourgeoise et de la générosité de son père, l’éditeur grenoblois Jacques Arthaud, mais « la petite fiancée de l’Atlantique » connaîtra par la suite de méchantes vaches maigres.

 

             Les seuls à s’en sortir à peu près, matériellement parlant, sont :

            -NVDK : partie à 23 ans pour quatre mois aux Antilles, elle reviendra « sept ans plus tard avec une famille, un tour du monde en poche et un livre à écrire » qui sera « Sept fois autour du soleil ». Qu’elle tire ses revenus de leçons de musique, de  droits d’auteur ou de convoyages, elle fait de sa maison bretonne « ouverte aux vents »  la base de ses départs autour du globe comme navigatrice mais aussi exploratrice terrienne.

           -Tabarly : finalement aidé par son père qui aura même l’élégance de le faire anonymement ! puis par la Marine nationale lorsqu’il créera des bateaux-prototypes de plus en plus rapides. Tout ce qu’il gagnera sera englouti par la mise en œuvre de ses inventions et la belle « longère », qu’en marin plus qu’en terrien, il déplacera pierre à pierre pour la rapprocher du mouillage de « sa  mésange noire » (les terriens ont plutôt tendance à rapprocher le bateau de la maison…).

           -Les Damien : Gérard, aujourd’hui nanti de confortables droits d’auteur et Jérôme, installé dans les îles Malouines (ou Falkland, Amérique du Sud) où Houdaille, entre autres, est allé lui faire une petite visite, en passant…

         -Antoine, qui associe très astucieusement périodes de vagabondage sous les tropiques et périodes – beaucoup plus courtes ! - de travail en France. Riche de son « capital de célébrité » qu’il fait intelligemment fructifier, et de multiples cordes à son arc (aujourd’hui, il vit - bien - de ses films documentaires), il est à peu près le seul à avoir reçu de la mer et de ses vagabondages plus qu’il ne leur a donné.

          -Et bien sûr, J.F. Deniau, le seul qui n’a pas connu la « dèche » et qui a eu la carrière que l’on sait.

 

La symbiose avec l’instrument

          C’est un phénomène vraiment étonnant : aucun trimardeur n’a jamais adoré une locomotive, aucun chemineau n’a personnalisé ses godasses !

          Le voilier du vagabond maritime est plus qu’aimé. Il est pour chacun d’eux  l’Excalibur, épée magique du roi Arthur. Il permet la vie, il permet l’exploit et tout doit lui être sacrifié. Capitaine et navire sont unis par des liens affectifs intenses. Le coeur à cœur se double d’une prescience magique de l’état de l’autre et d’une correspondance de sensations. « Je fais corps avec mon bateau » est une des phrases qui reviennent le plus souvent dans les récits nautiques, au point d’en devenir « bateau » ! Aucun navigateur, sauf Joshua Slocum, ne laisse son voilier au port pour aller se promener, sans en avoir d’affreux remords qui dépassent de loin le souci de sa sécurité.

          Cette symbiose peut aller jusqu’à l’identification :

         Slocum, c’est le « Spray », London le « Snark » ; Moitessier est « Joshua », NVDK « Esquilo », Antoine « Om », Houdaille « Saturnin ». Et vice-versa, peut-on dire. Le premier équipage du « Damien » ira jusqu’à porter le nom de son bateau : tout le monde de la voile sait qu’en disant « les Damiens » on désigne non le type de voilier mais les deux amis Gérard Janichon et Jérôme Poncet. Quant à Tabarly, il est tombé amoureux à sept ans et pour la vie : il donnera le nom de son « vieux gentleman » - « Pen Duick », la mésange à tête noire, en breton- à tous les navires qu’il construira et fera courir.

        Les deux seuls qui échappent peu ou prou à cette monogamie sont J.F. Deniau et Florence Arthaud, qui ont navigué sur tant de voiliers différents qu’ils ont échappé à cette mise en couple, encore que Florence ait eu une longue liaison passionnée avec son trimaran « Pierre 1er de Serbie ».

 

Le courage

          Le titre d’un des derniers numéros de « Bateaux », revue (où Moitessier avait fait paraître des articles) disparue en 2015, était : « Passion, un art de vivre l’extrême ». On nous pardonnera l’appropriation : « Vagabondage maritime, un art de vivre l’extrême » ! Il n’est pas besoin de beaucoup d’imagination pour se rendre compte qu’en croisière côtière ou hauturière, Méditerranée ou Océan indien, la mer est  rarement facile à vivre. Ce n’est pas seulement par espièglerie que JF Deniau insère dans son dernier livre un discours sur la vertu : « Virtus », le courage.

           Le courage chez les vagabonds maritimes peut être d’une intrépidité telle qu’il touche à l’héroïsme. Affronter les mers les plus dangereuses du globe, aller au bout du monde sont alors synonyme d’aller au bout de soi. Le plus beau témoignage est celui de Christophe Houdaille, notre benjamin, qui se demandait ce qu’il était venu faire sur des terres aussi rebutantes que la Géorgie du sud et les Kerguelen et qui va pourtant y laisser son cœur : « Afin d’affirmer ma personnalité, j’ai choisi, il y a de nombreuses années, sans trop savoir pourquoi, de me confronter à une nature à l’état brut, une nature à peine supportable.(…) Avant d’embarquer, ma main se pose une dernière fois sur la terre qui m’a accueilli. Elle est froide, rugueuse, humide. Comment puis-je l’aimer si fort, au point d’être malade de la quitter ? ».

          Il peut être poétique et délirant : NVDK n’a-t-elle pas, en 1995, traversé l'Atlantique en solo sur un petit bateau dépourvu de mât et tracté uniquement par un cerf-volant, non pour battre un record mais pour démontrer que des naufragés pouvaient utiliser cette méthode peu commune pour rallier la terre…

           Il peut être si intériorisé qu’on ne le distingue plus. Il est alors tout proche de ce que l’on appelle « la force d’âme ».

          C’est ainsi que Slocum, stoïcien sans le savoir, écrivait : « (…) Quant à la patience, la plus grande de toutes les vertus, c’est en naviguant dans les approches du détroit de Magellan, entre le continent escarpé et la sinistre Terre de Feu, où j’étais obligé de barrer sans cesse dans des conditions délicates, que j’ai appris à rester assis à côté de la roue, heureux de couvrir dix milles dans la journée en louvoyant contre les courants ; quand un mois de ce labeur se trouva perdu, je découvris encore quelques vieilles chansons à fredonner en refaisant tout le chemin, toujours contre le vent.  Trente heures passées à la barre, dans la tempête, n’exigeaient pas trop de mon endurance et mettre la main sur un aviron pour entrer dans un port ou en sortir par calme plat n’était pas chose inconnue à l’équipage du Spray. Les jours s’écoulèrent heureux pour moi dans tous les lieux où me conduisit mon navire. »

           C’est ainsi que Tabarly s’étonnait qu’on lui demande s’il avait peur en mer et répondait qu’il n’avait « pas d’états d’âme »…

 

          Mais ce courage peut aussi aller à un point où s’effacent les limites de la raison, jusqu’à la folie du dépassement et la fascination de la mort brutale. « Je ne perdrai pas mes jours à essayer de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps » écrivait London. On peut alors parler d’une addiction véritable, cette addiction à l’adrénaline aujourd’hui médicalement suspectée chez les êtres qui ne peuvent plus se passer d’émotions extrêmes. « L’inconnu me dévore », a-t-on gravé en breton sur un monument à Nantes, mais les dévorent aussi le risque, le vertige de toujours aller plus loin, de tenter le sort une fois de plus. C’était chez Tabarly et Arthaud une tentation permanente, un vice mortel auquel tout devait céder. On connaît la réputation de « casseur » qu’avait Eric, qui ne réduisait la toile que lorsqu’il était déjà trop tard (depuis longtemps !), on connaît ce goût du défi absolu chez Florence, impatiente de brûler sa vie par tous les bouts et aussi face à la lame.

          Il n’est pas impossible que la « secrète rebelle » Nicole l’ait connue aussi, elle qui a écrit :  « On ne revient jamais tout à fait de Patagonie ».

Un style bien à eux

          Il ne s’agit pas de la façon dont ces vagabonds écrivent mais de la façon dont leur vie s’exprime. Sauf exceptions (Slocum, London, Moitessier, Deniau, Houdaille), la valeur littéraire de ce genre est moyenne, nous le reconnaissons volontiers.

L’humour

         J.F. Deniau a certainement droit à la palme de l’insolence désinvolte et de la drôlerie : impossible de lire « La Mer est ronde » sans s’esclaffer de bon coeur. C’est le seul livre de mer qui ne croit pas nécessaire d’imposer au lecteur un glossaire des termes hermétiques de la navigation à voile mais offre des chansons de marins, un dictionnaire et une grammaire de Bichlamar, jargon d’origine mélanésienne qui a cours dans tout le Pacifique (d’une utilité patente pour vous et moi quand nous méditons une virée entre Toulon et la Corse !). Deniau a l’art d’insérer dans ses récits des passages incongrus : dans « La mer est ronde » c’était le pastiche hilarant des mauvais livres de mer ; dans « L’Atlantique est mon désert » -qui est très autobiographique- c’est un discours destiné à l’Académie française, rédigé en rade d’une île du Cap-vert.

         Viennent en second et ex æquo Jack London et Antoine. Leurs démêlés avec la navigation, les points aux étoiles ou à la lune, les Instructions nautiques, les cartes et le sextant que London appelle, sans respect aucun, le « moulin à prières », sont à mourir de rire ! 

          Quant à Slocum, il cache derrière un masque impassible une rosserie cinglante et une auto-dérision assez surprenante chez un homme si raide. Bien que marié deux fois et père de sept enfants, il a des timidités de jeune homme : ses rencontres avec les filles à moitié nues des îles sont très amusantes. On a l’impression de le voir, assis solennellement dans un petit canot, pendant que les belles nageuses le font tourner tout autour du « Spray ». Elles se moquent gentiment de lui mais lui aussi, dans sa barbe, ne se prend guère au sérieux.

Les vertus cardinales : modestie, retenue, simplicité

          S’il y a bien une vertu que la mer enseigne à ses adeptes, c’est bien la modestie :

        « Nous qui sommes les derniers, confondant l’espace et le temps, à compter sur cette planète les distances en jours. Nous qui ne recherchons ni l’inconfort, ni la fatigue, ni le risque, mais les avons acceptés comme étant de notre lot (…). Nous qui n’avons rien à gagner, rien à prouver, rien à battre, oui, nous devons être prudents, et pudiques, et discrets. Il faut toujours l’être quand on aime.

         Modestes, cela va de soi. Quand on a accompli quelque chose d’heureux en mer, petite croisière ou grand raid, cap Horn ou îles d’Hyères, c’est d’abord parce qu’on a évité de faire ce qu’il ne fallait pas faire. C’est ensuite parce qu’on a fait ce qu’il fallait faire. C’est enfin parce que la mer l’a permis. » (La mer est ronde)

            La seconde vertu, corollaire de la première,  est la réserve :    

           « Métant trouvé (…) dans un groupe d’aviation, j’avais eu l’innocence de citer le nom d’un écrivain célèbre qui avait appartenu à ce groupe, et que, à vingt ans, beaucoup d’entre nous ont chéri. La réponse de ses camarades, sans les coups, fut du même ordre que celle du patron de la bisquine. Quand on est un « vrai », on n’écrit pas sur ce qu’on fait. D’abord parce que arriver à écrire sur l’aviation (ou la mer, ou la médecine, ou l’archéologie, peu importe !) montre bien qu’on sait conserver une distance par rapport à son métier, à ses gestes, à soi même. Or un bon aviateur pilote comme un pommier produit ses pommes. Il ne se « voit » pas piloter. S’il en est capable (et surtout avec talent ou même génie), c’est qu’il est toujours un peu un voyeur, un truqueur, disons le mot, un amateur. Et puis, il y a des choses de qualité qu’on sent mais qu’on ne dit pas, qu’on ne dit surtout pas aux autres, qui ne sont pas du métier, bref, dont on ne fait pas commerce. Ce n’est pas seulement une réaction de jalousie personnelle et d’esprit corporatif, mais aussi, un peu, de pudeur. » (ibid)

            Peut-être est-ce pour cela qu’il y a si peu de « confidences » ou d’auto-analyse dans les livres des vagabonds maritimes. Avec eux, il faut apprendre à lire entre les lignes.

            On a fait à Tabarly une réputation d’ours taciturne. Mais lui refusait de se considérer comme un silencieux. Comme il l’affirme dans « Mémoires du large », n’aimant pas « parler pour ne rien dire », si le sujet ne l’intéressait pas, il se taisait. Et comme tous les bourlingueurs, il avait en horreur les questions idiotes. En voici un  exemple qu’il donne dans son livre : « (…) au retour d’une course, on me demande : alors, content d’être premier ? que dire d’autre que Oui ? Je ne connais pas de vainqueur que la victoire ait mis d’humeur chagrine ».

            Il peut y avoir aussi des moments où le silence s’impose, soit parce qu’une certaine magie de l’heure ne doit pas être troublée : le départ du port ou l’arrivée, après avoir accompli ce qu’on avait prévu : croisière hauturière pendant des milles et des milles ou balade dominicale entre deux baies… Soit parce que l’épreuve a été trop rude, et qu’il faut laisser s’apaiser le mental et le physique, par trop secoués. Les plus beaux exemples de ces silences de « récupération » sont donnés par Moitessier, qui bazarde en quelques pages ses naufrages avec les Marie-Thérèse I et II (« Vagabond des mers du Sud »), son retour vers la France après le passage du Horn (« Cap Horn à la voile »), ainsi que l’épisode plus énigmatique encore (« La longue route »), le demi-tour du monde supplémentaire accompli à la fin du Golden Globe Challenge alors qu’il était en tête, après sa décision de ne pas rentrer en Europe, pour « sauver son âme ».

La simplicité :

         Elle est peut-être la conséquence du contact incessant avec des forces naturelles qui dépassent l’être humain. On peut être parfois agacé par la gouaille ou les propos économico-politico-philosophiques d’Antoine. Mais comme il est simple ! Il est fatigué, il a froid, il a peur. Il le dit, sans en rajouter mais aussi sans rien cacher.

         Le périple du « Snark » dans les îles du Pacifique, qui devait être sept années de vacances idylliques, finit-il en désastre sanitaire aux Iles Salomon après deux ans seulement ? London le dit, en détail, et sans gémir. Les seules larmes sont celles de Charmian, son épouse, qui voit se terminer la belle aventure.

         Le prince de la simplicité est sans conteste Joshua Slocum. On comprend mal aujourd’hui l’admiration et l’adulation sans réserve que lui ont vouées tous ceux qu’il a rencontrés en trois ans et deux mois, « dépassés de deux jours » précise t-il, dans toutes les escales de sa « croisière de plus de 46 000 milles autour du monde ». A cette époque, la fin du XIXè, la grande marine à voile est encore dans toutes les mémoires. Tous les yeux ont vu les si rapides « clippers », surchargés de voiles et d’hommes, qui apportaient en Angleterre les thés et les soieries de l’Inde. Ce qui estomaque ses hôtes, ce n’est donc pas qu’il navigue à la voile. C’est que son voilier soit si petit et surtout, surtout, qu’il y soit seul (c’était - à très juste raison - le premier mot de l’ancien titre en français de son livre : « Seul autour du monde sur un  voilier de onze mètres »). Pour éviter toutes les calomnies possibles à son retour, il fera, en homme prudent, vérifier par des officiels que son équipage est réduit à lui-même. Il s’en amuse d’ailleurs et parle volontiers du bon état de son « équipage ».

        Aussi est-il accueilli partout et fêté d’une façon qui nous paraît aujourd’hui inimaginable. Certains (de nos jours) ont dit qu’il était vaniteux et qu’il se rengorgeait d’être invité par les gouverneurs et les ministres, de recevoir dans le carré minuscule du « Spray » toutes les personnalités locales. Je n’ai vu nulle part trace de cette vanité de mauvais aloi. Je l’ai vu, ma foi, ravi. Tout bonnement ravi. Après tant de jours de navigation et de solitude pénibles, recevoir à terre un accueil chaleureux ne peut que faire un immense plaisir. Joshua a des manières simples, même si sa personnalité est complexe : il se rend parfaitement compte que, dans ces coins paumés, il constitue une distraction de choix. Parfois même impatiemment attendue car il ne faut pas oublier qu’il est suivi -de loin- dans son périple par de grands journaux de l’époque. Mais, bonhomme tranquille, il se contente de tirer sur sa pipe, garde ses réflexions pour lui et reçoit les aides et les cadeaux avec gratitude et dignité. Il ouvre grand sa cale aux paniers de confitures et de gelées ainsi qu’au vin de framboise que les aimables épouses des « autorités » préparent pour lui. Il se réjouit avec ingénuité des jeux et des baignades des enfants, est conquis par la vaillance des jeunes filles de l’île Maurice : « Jamais navire n’eut plus bel équipage ». Ces instants de détente, véritables petits tableaux des îles, sont les seuls moments du livre où il manifeste une réelle émotion, où il laisse transparaître qu’il est heureux.

        On ne peut qu’admirer sans réserve les mots qui clôturent son livre :

        « Si le Spray n'a découvert aucun continent au cours de son voyage, peut-être est-ce qu'il n'y avait plus de continents à découvrir ; il ne cherchait pas de nouveau monde, il ne naviguait pas pour disserter sur les dangers des océans. On a dit bien du mal de la mer. Trouver son chemin vers des pays déjà découverts est une bonne chose, et le Spray a su découvrir que la mer la plus mauvaise n'est pas si dangereuse pour un navire de qualité. (…) pour réussir en quoi que ce soit, il faut bien comprendre son travail et être prêt à tout. Si je passe en revue ce qui m’a conduit à cet exploit modeste, je vois un outillage de charpentier assez réduit, une pendule en fer-blanc et quelques semences de tapissier (…). Mais il faut tenir compte avant tout de quelques années d’apprentissage, où j’ai étudié avec diligence les lois de Neptune, lois auxquelles j’ai tenté d’obéir en traversant les océans ; cela en valait largement la peine. »

Difficile de faire mieux ni en plus court ...

   

La liberté et la prison, l’inquiétude fondamentale

 

                                 « Mon beau navire, O ma mémoire, avons-nous assez navigué de la belle aube

                                                             au triste soir ? »  Guillaume Apollinaire

        Partis pour trouver la liberté, pour se dégager des contraintes sociales étouffantes, les vagabonds maritimes comprennent très vite qu’ils sont des dupes. On ne passe pas derrière l’horizon, pas plus que derrière le miroir. Il n’y a pas de prison plus étroite qu’un bateau, pas d’enfer pire qu’une promiscuité mal vécue dans un espace réduit, pas de tâches plus répétitives que les soins incessants à  apporter à sa vaillante monture. L’humidité, le froid, l’épuisement et les manoeuvres en pleine nuit cassent les volontés les plus prémunies, les illusions les plus vigoureuses. Et la première personne que l’on aperçoit en arrivant sur une île de rêve, c’est toujours un gendarme ou un douanier.

         Même Bernard Moitessier a dû reconnaître que le bateau qu’il idolâtre lui « mange » sa vie, cette vie même que « Joshua » lui a donnée et qu’il permet !

         Alors où aller et que faire ?

        Certains s’en sortent, certains ne reviennent jamais de leur quête : Slocum et Tabarly ont disparu en mer, mort de marin digne du rêve. Mais London s’est perdu dans l’alcool et la maladie, Moitessier dans la drogue et le rêve mystico-écolo-anarchiste. Le corps de NVDK l’a lâchée sur un chemin de Patagonie… Et Arthaud a fini dans un crash d’hélicoptères au cours du tournage d’une émission de télévision - quelle déchéance ! Olivier de Kersauson, grand marin et misogyne déclaré, la considérait comme une femme exceptionnelle et un marin exceptionnel. A l’annonce de sa mort, il a dit à un journaliste (qui n’a bien sûr rien compris) :

          « Je ne suis pas content …quel gâchis ! ».

          Et pourtant, d’autres vont s’y frotter. Toujours renouvelé, ce petit flot de vagabonds ne tarit pas. Qu’est ce qui les pousse ? Une insatisfaction ? Une vocation ? Pourquoi pas le Rêve ?

          Nicole Van de Kerchove, avec toute sa retenue si attachante, écrit dans « Sept ans autour du soleil » :

                                    « Je regardais la mer, toute cette étendue sans frontières, sans routes tracées... Mieux que

                                des phrases, c'était devant mes yeux la définition du mot "liberté". Un de ces mots que je redoute.

                               Un mot vaniteux qui veut définir à lui seul quelque chose de si grand, de si beau, quelque chose

                               dont l'existence même me semble douteuse. Avec un bateau je pourrais partir... Et voila le rêve qui

                                                                                      reprend le galop... »

        D’autres vagabonds que la célébrité illumine l’avaient dit bien avant elle :

                               « J’aime surtout à contempler les montagnes éloignées qui se

                                confondent avec le ciel dans l’horizon. Ainsi que de l’avenir,

                           l’éloignement fait naître en moi le sentiment de l’espérance. […]

                          il existe peut-être une terre éloignée où, à une époque d’avenir,

                          je pourrai goûter enfin ce bonheur pour lequel je soupire, et

                           qu’un instinct secret me présente sans cesse comme possible. »

                                      Xavier de Maistre, Le Lépreux de la cité d’Aoste

 

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*après le norvégien Al Hansen qui passa d’est en ouest et fit naufrage sur les côtes chiliennes en 1934.

**Krystyna Chojnowska-Liskiewicz (Pologne) en 1976 /78, devenue architecte naval, Naomi James (Nlle-Zélande) en 1977/78, Karen Thorndike (USA), première américaine à réussir une circumnavigation par les 5 caps (ouest en est) en 1996/98.

F.L. 20/01/2018

Annexe : Bibliographie

Joshua Slocum

Navigateur en solitaire. Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres

Jack London

L'odyssée du Snark

Bernard Moitessier

Vagabond des mers du Sud

La longue route. Seul entre mers et ciels

Nicole Van de Kerchove

Sept fois autour du soleil

Eric Tabarly

Mémoires du large

Gérard Janichon

Du Spitsberg au Cap Horn

Antoine

Globe-flotteur ou les 7 péchés capitaux du navigateur solitaire

Jean-François Deniau

La mer est ronde

L’Atlantique est mon désert

Florence Arthaud

Un vent de liberté

Cette nuit, la mer est noire. Mémoires d’une femme libre

Christophe Houdaille

Iles funestes, îles bienheureuses,

Au vent des Kerguelen. Un séjour solitaire dans les îles de la Désolation