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- « Poésie, roman, science fiction, un faux débat » - par "FL"

Portrait de Virginie

 

La science-fiction ne laisse personne indifférent, qu’on en soit fan ou que son seul nom fasse dresser les cheveux sur la tête. La rencontre du 11 mars à Caille avait pour objet, outre le plaisir toujours vif de partager ses lectures, de raviver la mémoire de certains et de faire découvrir à d’autres un genre littéraire qui traîne derrière lui d’innombrables idées reçues et une dépréciation peu justifiée, en même temps que de vrais enthousiasmes. Le texte qui a été présenté par F.L. n’a rien d’académique dans la mesure où il n’est qu’une vue très personnelle sur la matière et qu’il projette, avec un parti-pris assumé, plus de lumière sur les écrivains aimés de l’auteur que sur ceux dont il ne raffole pas. Il est aussi documenté que l’ont permis les quelques sources dont on a disposé, souvent erronées ou incomplètes, et il ne prétend pas être exhaustif.

Le sujet ne pouvant être épuisé en une seule séance, il vous propose un premier aperçu, des origines aux années 1960/1970 qui marquent un réel tournant dans l’histoire de la S.F. Les écrivains récents seront l’objet d’une seconde rencontre, s’il y a une demande.

 

QUELQUES BASES :

Un Terme récent :

Le terme « science fiction » apparaît aux USA vers 1927/1929. Il s’impose dans le monde francophone à partir de 1950. Il a alors pour synonyme et concurrent direct le mot « anticipation » et remplace le « merveilleux scientifique » et les « voyages extraordinaires ».

En français il s'écrit avec un trait d'union : science-fiction. L'abréviation française S.F., ou SF, est devenue courante à partir des années 1970.

 

LA Définition ? pas de définition !

La science-fiction est un genre narratif, littéraire (formes traditionnelles et bande-dessinée) et cinématographique.

Elle est construite sur des hypothèses dans le domaine de l’espace et du temps : sur ce qui aurait pu être le présent, voire le passé, ou sur ce que pourrait être le futur. Les récits peuvent se dérouler sur Terre ou dans l'Espace. Ils mettent en scène des univers où se déroulent des faits impossibles ou non avérés en l’état actuel de la civilisation, des techniques ou de la science. Il est fréquent qu’ils ouvrent la voie à des découvertes scientifiques et techniques à venir.

Elle recouvre de nombreux sous-genres :

Elle prend le qualificatif de hard (science dure) quand elle s’appuie avec une certaine rigueur sur des connaissances actuelles, scientifiques, technologiques, ethnologiques.

Elle inclut : les uchronies, qui narrent ce qui se serait passé si un élément du passé avait été différent, le cyberpunk, le space opera, la fiction spéculative, le planet opera, le policier/science-fiction et bien d’autres. On peut, étant donné leur vogue actuelle, prévoir les prochains sous-genres des contes humoristiques et des récits à connotation ouvertement sexuelle.

Elle peut être étroitement associée à d'autres genres qui incluent une dimension inexplicable ou imaginaire : le fantastique et la fantasy, dite depuis peu fantasie. On doit la démarquer nettement de la fantasie. où la magie ne suscite pas de question, où les univers « surnaturels » sont acceptés comme naturels et rationnels par le lecteur. Le meilleur exemple d’auteur de roman de fantasie est J.R.R. Tolkien qui parlait de « faërie », sorte d’univers merveilleux. On voit que cela rend parfois un ouvrage inclassable !

Cette diversité de la science-fiction rend sa définition difficile. Il n'existe pas de consensus : presque tous les écrivains ont donné leur propre définition. On peut en donner une description générale : « Genre où l'auteur donne libre cours à son imagination en s'appuyant sur les progrès de la science et sur ses possibilités de découvertes » (encyclopédie « Focus » Bordas).

Pourtant, on admet généralement que certains éléments caractéristiques doivent être présents dans une œuvre pour que l'on puisse la classer dans ce genre. Ainsi, The Cambridge Companion to Science Fiction, édité par Cambridge University Press, en 2003, exige-t-il les quatre suivants :

Expérience de pensée : le récit de science-fiction est toujours un « que se passe-t-il si... ? ». La SF place les idées au même plan que les personnages.

Distanciation cognitive : le lecteur doit être « embarqué » dans un monde inhabituel.

« C’est notre monde disloqué par un certain genre d’effort mental de l’auteur, c’est notre monde transformé en ce qu’il n’est pas ou pas encore. Ce monde doit se distinguer, au moins d’une façon, de celui qui nous est donné, et cette façon doit être suffisante pour permettre des événements qui ne peuvent se produire dans notre société - ou dans aucune société connue présente ou passée. Il doit y avoir une idée cohérente impliquée dans cette dislocation ; c’est-à-dire que la dislocation doit être conceptuelle, et non simplement triviale ou étrange. »

Philip K. Dick, lettre du 14 mai 1981

Activité de compréhension du lecteur : elle fait suite à la distanciation. Le lecteur doit reconstruire un monde imaginaire à partir de connaissances qui ne relèvent ni du merveilleux ni du religieux, mais de théories ou de spéculations scientifiques, même si elles sont étrangères aux principes de nos connaissances actuelles. Le lecteur doit se servir pour cela d'éléments fournis par l'auteur (objets techniques spécifiques, indices de structures sociales et de mentalités particulières, etc.).

Références à un bagage culturel commun : le vocabulaire et les thèmes de la science-fiction font partie d'une culture familière au lecteur qui lui permet de s'y reconnaître.

Science-fiction et prospective

Pour Yannick Rumpala (Maître de conférences en science politique à l’université de Nice-Sophia Antipolis, Equipe de recherche sur les mutations de l’Europe et de ses sociétés), la science-fiction peut être un matériau dans le processus de connaissance de la prospective. Comme la prospective, elle construit et diffuse des représentations du futur.

Les prospectivistes ne sont pas forcément les mieux placés pour imaginer les conséquences et implications des développements techniques. Ils peuvent aussi avoir tendance à éliminer des hypothèses dérangeantes. La science-fiction est plus à l’aise qu’eux dans l’exploration imaginaire et moins sujette à des préjugés ou préventions. La mise en récit ou la mise en images facilite l’expression et peut alerter sur des tendances jugées inquiétantes. Au-delà d’une littérature d’évasion, la science-fiction peut ainsi être considérée comme une littérature d’idées.

 

 

UNE LONGUE HISTOIRE :

 

I. UN PASSE PRESTIGIEUX OU DES HISTOIRES DE TOUJOURS

De grands ancêtres !

Le mot Poésie vient du grec Poïesis, qui signifie l’acte de créer et son résultat, la création. Dès l’origine du langage, la Poésie existe. Née de l’imagination de l’Homme et de son contact avec la réalité, elle traduit son émerveillement et sa peur devant un monde qui le dépasse. On peut dire que tant qu’il y aura de l’angoisse, il y aura de la poésie (elle a un beau futur…).

La poésie donne vie au rêve et le transmet par l’oralité, puis l’écriture. La pensée humaine découvre par elle et valide des notions qui seront très fécondes : Puissance de l’IMAGINAIRE, pouvoir de la VISION, réalité de l’INTUITION PROPHETIQUE. Ces notions seront la clef de voûte de la science-fiction.

Le poète et le monde de la poésie accaparent très vite l’univers de l’imaginaire. Dès la fin du VIIIè av. JC, avec Homère naît un genre, la poésie épique, qui raconte, enjolive et déforme les aventures de héros plus ou moins légendaires. L’Odyssée conte le retour d’Ulysse, roi d’Ithaque, après la guerre de Troie, mais avec un tel déploiement de terres inconnues, d’ogres et d’enchanteresses, de telles péripéties invraisemblables que l’espace réel s’efface. Les dix années que dure le voyage paraissent un seul jour. Ulysse pourrait aussi bien avoir fait un voyage dans le temps et sur une autre planète.

 

Dans la liste des précurseurs, Lucien de Samosate (125-192), personnage important de la province romaine de Syrie (Samosate serait aujourd’hui en Turquie) tient une place de choix. Ecrivain, rhéteur, il fait un assez long séjour en Italie puis dans les Gaules et en Asie Mineure, avant de se fixer en Égypte, où il meurt. Il invente le dialogue humoristique, entre dialogue philosophique et comédie. Il imagine un thème qui va avoir une prestigieuse postérité : celui du balai qui se transforme en serviteur, premier germe du robot. Thème qui aura une belle postérité : le poème de Goethe intitulé L'Apprenti sorcier, publié en 1797, puis le poème symphonique de Paul Dukas en 1897, enfin la célèbre séquence du film Fantasia de Walt Disney, sorti en 1940.

Il écrit, en grec, une « Histoire véritable », conte facétieux, mais où apparaît le premier voyage sur la lune, considéré par beaucoup d’auteurs comme le premier balbutiement de la science-fiction.

Les chansons de geste caractéristiques de la littérature médiévale prennent la suite des grandes épopées de l'Antiquité. Ce type de récit versifié qui se chantait et se mimait apparaît à l'aube de la littérature française, vers la fin du  XIè siècle (entre 1050 et 1150). Les dernières ont été produites au cours du XVè siècle. Écrites en langue d'oïl par les trouvères et en langue d'oc par les troubadours, elles vantent la valeur guerrière des chevaliers, héros de l'ère de Charles Martel et de Charlemagne. À ces légendes historiques s'ajoute une forte touche de merveilleux : des géants, de la magie et des monstres apparaissent parmi les ennemis avec les Sarrasins. Avec le temps, les aspects merveilleux prennent le pas sur les aspects historiques et militaires.

 

Les précurseurs français :

Vient le temps du voyage utopique et celui du plus grand des humanistes de la Renaissance, Maître Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais (1483 ou 94 –1553). On lui doit le renversement de polarité du thème du géant avec les « bons » géants : Pantagruel (1532) Grangousier et Gargamelle (père et mère de Gargantua) et Gargantua (1534), roi d’Utopie. Pantagruel et ses compagnons partent en quête de l’oracle de la Dive Bouteille dans Le Tiers Livre (1546) et le Quart Livre (1552). Cette odyssée erratique est un clin d’oeil à la geste celtique du roi Arthur. Elle aborde le thème de la possible rencontre d’êtres non humains et d’autres cultures.

Savinien de Cyrano dit de Bergerac (1619-1655) romancier, dramaturge, poète, bretteur et libre-penseur, écrit l’Histoire comique des Etats et Empires de la lune et l’Histoire comique des Etats et Empires du soleil, considérées comme un des premiers romans de science-fiction. Elles ne paraîtront qu’après sa mort, en 1657 (Empires de la lune) et 1662 (Empires du soleil).

Les voyages dans la Lune et le Soleil sont les deux volets d'un même projet romanesque, intitulé L'Autre monde. Ils racontent les tribulations d'un même personnage, un narrateur non identifié sur la Lune et Dyrcona (anagramme de D(e) Cyrano) sur le Soleil. Le premier est emporté sur la Lune par des fioles de rosée qui s’évapore mais Dyrcona, lui, dispose d’une « vraie » machine équipée d'une voile. La structure de chacun des deux voyages est similaire : le narrateur rencontre différents personnages, êtres humains ou animaux, qu’il ne cesse d’observer et de questionner sur leurs mœurs, leurs sciences, leur philosophie. Il relève que leur mode de vie, parfois totalement différent de celui des terriens, est parfois identique, ce qui lui permet par ce biais d’en faire une critique acerbe.

Le voyage de Dyrcona est initiatique : selon ses propres termes, il est une « personne qui [n'a] risqué les périls d'un si grand voyage que pour apprendre ». Cependant, à l'inverse du roman d'apprentissage classique, il ne découvre pas de vérités. Bien au contraire, ce qu'il tenait pour vrai s’effondre.

Ce rappel de la relativité de la Vérité, comme de toute connaissance et de tout savoir, classe cette œuvre dans le mouvement du libertinage intellectuel du XVIIè siècle. Il l’insère avec force dans la genèse de la science-fiction qui fera de la relativité de toute chose un de ses idées de prédilection.

On ne présente plus François-Marie Arouet, dit Voltaire, écrivain et philosophe, né en novembre 1694, mort en mai 1778 (à 83 ans) dans l’apothéose et le martyre. Représentant le plus connu de la philosophie des Lumières, chef de file du parti philosophique, oracle de la bourgeoisie libérale, anglomane, passionné de tout, infatigable correspondant, on lui doit les Contes philosophiques parmi lesquels le plus connu est « Candide ». Mais figure aussi parmi eux une nouvelle alerte et joyeuse, pleine de piquant, très poétique aussi : « Micromégas », paru en 1752 qui narre le voyage interplanétaire et l’arrivée sur Terre de géants provenant de Sirius et Saturne. C’est probablement le premier exemple d’un voyage interstellaire ou planétaire à partir non de la Terre mais d’un autre monde. Comme Savinien de Bergerac, Voltaire profite de la rencontre des géants et des « petits êtres » pour étriller systèmes philosophiques et croyances. 

(Un article détaillé sur Micromégas paraîtra ces prochains jours sur le site.)

 

Les précurseurs britanniques :

Jonathan Swift (1667-1745) écrivain et poète irlandais, est satiriste, essayiste, pamphlétaire. Il est contemporain de Daniel Defoe, créateur de Robinson Crusoë. Très engagé, littérairement dans la Querelle des anciens et des modernes (il est pour les Anciens) et politiquement dans son soutien aux Tories, il disait son « cœur déchiré par l'indignation farouche » (auto-épitaphe). Après le Conte du tonneau (1704), satire virulente de son époque, qui lui vaudra la rancune tenace de la Reine Anne, il publie sa seconde œuvre majeure « Les voyages de Gulliver » en 1726, conte philosophique et satirique, que s’appropriera la littérature enfantine dans des versions très édulcorées.

Lemuel Gulliver, chirurgien de marine, effectue quatre voyages :

Voyage à Lilliput, dont les habitants ne mesurent qu'environ 15 cm,
Voyage à Brobdingnag, pays de géants. Dans ces deux voyages, les changements de taille relative du personnage seraient une métaphore du krach de 1720 qui a ruiné Swift. Versatilité, grandeur et petitesse de la fortune !
Voyage à Laputa et Balnibarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg, Japon (1727)

Laputa est une île volante, composée d’un cristal magnétique protégeant une machinerie complexe, qui flotte au-dessus du pays de Balnibarbi. L'île se déplace de ville en ville. Elle abrite la noblesse qui s'en sert comme d'une arme pour obliger ses sujets à payer l’impôt. Ses habitants de haut rang sont obsédés par l'astronomie, les mathématiques et la physique et constamment plongés dans des réflexions, des conjectures et des calculs. Gulliver descend sur Balnibarbi, où il découvre le peuple misérable et exploité, parabole des inégalités sociales de l’époque.

Dans l'académie de Lagado, des « savants fous » rivalisent d’idées bizarres : par exemple, l’un d’eux cherche à fabriquer des aliments à partir de matière fécale, un autre tente de piéger les rayons du soleil dans des concombres. Mais on présente à Gulliver une machine à écrire des textes qui préfigure l'ordinateur moderne.

Dans ce Voyage, Swift suppute l'existence de deux satellites de Mars et donne leur période de rotation et leur distance par rapport à la planète. Ce n’est qu’en 1877, que l'astronome Asaph Hall les découvrira et leur donnera le nom des deux fils d’Arès (le Mars grec) « Phobos » et « Deimos ».

Luggnagg est peuplé d'êtres qui sont immortels mais sans être dotés de la jeunesse éternelle. Ils vieillissent, dévorés de maux, oublieux, faibles mais de plus en plus méchants et irascibles. Ils prennent une forme spectrale au fil du temps Ils sont haïs de tous et eux-mêmes finissent par jalouser ceux qui ont la « chance » de mourir.

Glubbdubdrib est une île de sorciers. Le gouverneur nécromancien fait rencontrer à Gulliver des personnalités historiques de tous âges. Gulliver espère en vain qu’ils vont lui révéler des vérités cachées. Il se rend compte que l'histoire qu'il connaît est bâtie sur d’innombrables mensonges, oublis et erreurs.

Voyage au pays de Houyhnhnms : Les Houyhnhnms sont des chevaux beaux et intelligents arrivés au sommet de la raison et de la sagesse. Ils règnent sur les Yahoos. Ces animaux d’aspect répugnant et de comportement navrant sont des humains, au grand désespoir du héros.

On voit que Swift a exploré des spéculations qui vont nourrir la science-fiction : relativité des savoirs, fausseté des faits tenus pour véridiques, critique de la science divinisée, supériorité illusoire de l’être humain sur les animaux, thème de l’immortalité.

 

Il faudrait une étude entière pour parler de Marie Shelley (1797-1851) femme de lettres, romancière, nouvelliste, dramaturge, essayiste, biographe, auteur de récits de voyage et éditeur. Ses parents, très célèbres, sont Mary Wollstonecraft, écrivain féministe et William Godwin, philosophe politique. Elle a été la compagne puis l’épouse du poète Percy Bysshe Shelley qu’elle a puissamment contribué à faire connaître.

En 1816, à moins de vingt ans, elle écrit, près de Genève, au bord du lac Léman, non loin de la villa Diodati où réside Lord Byron, le célèbre « Frankestein ou le Prométhée moderne » (publié en 1818), roman-charnière enraciné dans la tradition gothique et romantique et considéré a posteriori comme un des premiers romans de science-fiction.

Frankenstein est un roman épistolaire, composé de plusieurs récits emboîtés. Les lettres de Robert Walton, explorateur de l’Arctique, servent d'introduction et de conclusion au roman.

Il relate comment un jeune savant suisse, Victor Frankenstein, crée un être vivant à partir de chairs mortes. L'aspect hideux de l'être l’effraie ; il abandonne son « monstre ». Mais ce dernier est doué d'intelligence et le suit …Ce géant de huit pieds est d’une affreuse laideur mais il est doté de sentiments et capable de réflexion. Il tente de s'intégrer dans la communauté humaine et apprend par imitation ses habitudes et ses rites. Cependant, son aspect éloigne tous ceux qu'il rencontre. Ulcéré par le rejet, aigri par l'abandon et par sa solitude forcée, il cherche à se venger de son créateur et sème la terreur.

Dix ans après « Frankenstein », qui stigmatisait l'orgueil impie de l'homme prétendant s'égaler à Dieu, « Le Dernier Homme » est une nouvelle variation, très noire, sur le thème du châtiment d'une espèce condamnable et condamnée.

Les thèmes de l’œuvre

L’importance accordée aux rêves est mêlée à la fascination pour les sciences, en particulier l’électricité et le fameux « galvanisme ». Mary utilise le vieux mythe de l'usurpation de la divinité comme agent de création, en insistant sur le côté blasphématoire de la fabrication d’un être artificiel. Un être vivant, homme né sans l’intervention d’une femme et sans celle de Dieu, est une abomination morale. On trouve chez elle les grands thèmes de la poésie romantique : le savoir interdit, la tentation et la hantise de la transgression, l’opposition de l’apparence et la réalité.

« Frankenstein » et « Le dernier homme » insistent sur le manque de contrôle de l’individu sur l’histoire et l’insignifiance ultime du monde.

Une confusion s'est opérée avec le temps dans l'esprit du public entre Victor Frankenstein et le monstre qu'il a créé. La méprise, d’abord théâtrale, a été renforcée par le cinéma. De plus en plus fréquemment, on appelle Frankenstein la créature qui, à l'origine, n’a pas de nom.

Autre malchance, c’est à travers une adaptation qu’une grande partie du public rencontre Mary Shelley pour la première fois : au théâtre, en 1823, puis dans les films du vingtième siècle, tels que le Frankenstein de James Whale en 1931, le Frankenstein Junior de Mel Brooks en 1974 et le Frankenstein de Mary Shelley de Kenneth Brannagh en 1994.

(Un article détaillé sur Mary Shelley  est paru sur le site)

 

 

II. L’AVENEMENT DES TEMPS MODERNES

 

La « science-fiction » est née et s’est développée en Europe :

Parmi les idées erronées sur la SF, celle de son origine est la plus courante : on croit que la SF « moderne » est née aux USA. Or, elle est née en Europe et y a pris un développement intense. Mais l’influence américaine l’a totalement éclipsée, au point qu’on a pu dire qu’elle avait été victime d’une véritable « amnésie » de la part des acteurs de la vie intellectuelle : critiques, éditeurs, enseignants…. Cette vision très réductrice témoigne du relatif désintérêt qu’a rencontré ce genre littéraire jusqu’à une date très récente. En effet la SF en Europe traîne depuis le XIXè siècle un lourd handicap : les milieux littéraires qui « donnent le ton » - surtout en France !- l’ont considérée longtemps comme une littérature destinée à la jeunesse. Assez curieusement quand on y réfléchit, pour ces « dictateurs intellectuels », qui dit roman pour la jeunesse dit stupidité des thèmes et négligence de style (ce doivent être les mêmes qui ont cloué au pilori le roman dit policier…).

L'histoire « officielle » de la science-fiction désigne deux pères-fondateurs de la science-fiction « moderne » : le français Jules Verne et le britannique H. G. Wells. En fait, ces pères-fondateurs sont au nombre de quatre, un français et trois britanniques. Et ils ne brillent pas dans un « splendide isolement » mais ils sont entourés au ciel littéraire d’une pléiade d’écrivains, en général prolifiques, touche-à-tout de génie, émargeant à tous les genres de la création intellectuelle et qui ne sont plus issus de la seule élite intellectuelle.

 

Les grands écrivains visionnaires français et britanniques

Jules Verne (1828-1905) ne se présente plus.

Certains de ses romans très célèbres sont déjà des œuvres de science-fiction à part entière. On trouve chez cet auteur prolifique des choses qui n’existaient pas à son époque et qui ont été créées 50 ou 100 ans après avoir été écrites (l'hélicoptère, le sous-marin moderne, le scaphandre autonome, l’homme dans l’espace etc). On connaît le « Voyage au centre de la terre » (1864) et « De la terre à la lune » (1865), « Le voyage autour de la lune (1870), Hector Servadac (1877) et « Robur le conquérant » (1886), victoire du « plus lourd que l’air » sur les ballons et autres dirigeables. On connaît moins « Hier et demain ». À la mort de Jules Verne, plusieurs de ses manuscrits étaient en attente de publication, afin de respecter le rythme d’un ou deux volumes par an demandé par son éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par le fils de l'auteur, Michel, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que beaucoup plus tard.

« Hier et demain » (publié en 1910) regroupe : Aventures de la famille Raton, Monsieur Ré-Dièze et Mademoiselle Mi-Bémol, La Destinée de Jean Morénas, Le Humbug (écrit vers 1867), Au XXIXe siècle : La journée d’un journaliste américain en 2889 et L'Éternel Adam ( probablement écrit en 1905 sous le titre « Hédom »).

« La journée d’un journaliste américain en 2889 » a paru pour la première fois en février 1889, en langue anglaise, dans la revue américaine The Forum, puis elle a été reproduite en français avec quelques modifications. Elle raconte avec un enthousiasme théâtral et beaucoup de verve, les merveilles d’un monde futur qui ressemble encore un peu au monde du XIXè mais si plein d’améliorations des savoirs et des techniques ! Grâce à des « savants providentiels », l’électricité alimente un univers aux villes de dix millions d’habitants, aux avenues de cent mètres, aux immeubles de trois cents, aux trottoirs roulants, au ciel sillonné de cars, omnibus et trains aériens, aux mers abritant des tunnels pneumatiques qui lancent les passagers de capsules à 1500 km/h (mais où –merci Jules !- les femmes sont toujours sottes, seulement préoccupées de mode et de futilités). On y trouve, pêle-mêle, la captation de « la force contenue dans les rayons solaires », le vidéo-téléphone, le journal « parlé », la cryoconservation, la mécanisation des emplois domestiques mais aussi l’invention de nouvelles armes terrifiantes et la guerre chimique et biologique. Curieusement, Verne anticipe la politique de l’enfant unique par laquelle la Chine tentera de prendre la maîtrise de sa croissance démographique.

De façon très amusante, il décrit une répartition des nations sur le globe nouvelle mais toujours soumise aux passions humaines et les problèmes de communication interplanétaire : la Terre a des relations suivies avec Mercure, Vénus et Mars mais ne parvient pas à capter les signaux des Joviens et envisage de « retourner » la lune pour découvrir d’éventuels habitants sur sa face cachée. Il s’autorise de temps en temps de méchants coups de griffe : l’Empire britannique réduit à Gibraltar, la puissance de la presse dont politiques, scientifiques et artistes mendient l’approbation.

Après ce divertissement, « L’éternel Adam » est une méditation sombre et triste sur la disparition des civilisations et l’éternel retour des choses.

Sur le seul continent de la terre, le zartog Sofr-Aï-Sr, savant, philosophe et passionné d’archéologie, réfléchit à l’histoire de l’homme, en rentrant chez lui par une rue brûlante. Il est inquiet car, après deux cents ans de paix, une guerre interne menace l’Empire unifié des Andart’-Iten-Schu. Il se remémore la lente évolution de l’être humain, sa longue conquête du progrès. Il est tourmenté par le problème de son origine et de sa formation. Les fouilles qu’il a commanditées sont troublantes : elles donnent à penser que plusieurs civilisation avancées se sont succédé sur le socle rocheux du continent. Mais peut-on admettre « que l’homme (...) soit parvenu à une civilisation comparable sinon supérieure à celle dont nous jouissons présentement*, et que ses connaissances, ses acquisitions aient disparu sans laisser la moindre trace, au point de contraindre ses descendants à recommencer l’œuvre par la base, comme s’ils étaient les pionniers d’un monde inhabité avant eux ? (…) Non ! l’homme est le maître des choses ! ».

Après s’être restauré et reposé, Sofr médite sur les vieilles légendes populaires qui, « expliquant le mystère par un autre mystère », font « remonter l’origine de l’homme à l’intervention d’une volonté supérieure » qui aurait « créé de rien Hedom et Hiva, le premier homme et la première femme, dont les descendants auraient peuplé la terre », « billevesées que tout cela ! ».

Il se promène sereinement dans son jardin quand il découvre une sorte d’étui enfoncé dans la terre. Il contient un rouleau couvert de signes qui sont visiblement une écriture. Sofr va passer des années à la décrypter. Il va découvrir qu’il s’agit du journal tenu par l’un des survivants à un cataclysme planétaire. Ce groupe lui-même a découvert les traces d’une civilisation antérieure dont il ne subsistait rien, avant que la catastrophe en fasse réapparaître quelques vestiges. Ce groupe retourne progressivement à la barbarie. De façon affolante, la caisse dans laquelle ce dernier des survivants, au moment de mourir, a enfermé l’essentiel du savoir de sa civilisation, bien plus avancée* que celle des Andart’-Iten-Schu, s’est désagrégée et a disparu. Il ne reste que le journal. Sofr s’effondre, épouvanté, le coeur « plein de pitié ».

La conclusion est empreinte d’un pessimisme dont on n’aurait pas suspecté Jules Verne, même vieilli et malade : « Notre effort est vain et (…) tout progrès humain est aussi précaire et peu assuré qu’une bulle d’écume à la surface des flots ».

 

*Les Andart’-Iten-Schu sont plus petits que certains des fossiles découverts. Ils connaissent le télégraphe, mais pas le téléphone ni la lumière électrique. Ils n’ont pas découvert Neptune.

 

H.G. Wells (1866-1946) :

Herbert George Wells, plus connu sous la signature H. G. Wells, est l’auteur de très nombreux romans de satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques, d'ouvrages de vulgarisation (biologie, histoire, questions sociales). Sa carrière débutant au crépuscule de celle de Jules Verne, il franchit le pas des Voyages extraordinaires à la science-fiction mieux que quiconque avant lui.

Ses premiers romans, qu'on appelait à l'époque des « romans scientifiques » furent souvent considérés comme largement influencés par les œuvres de Jules Verne. Mais Wells refusait le titre de « Jules Verne anglais » comme il l'expliqua dans une préface pour une réédition de ses romans scientifiques (Scientific romances) en 1933. Wells opposait ce qu’il appelait ses « œuvres d'imagination » et les « romans d'anticipation » de Verne. De son point de vue, ses inventions n'avaient pas pour but de montrer ce qui allait se produire réellement, mais de simplement prendre possession du lecteur par l'illusion romanesque. Il se voulait l’héritier d’Apulée, Lucien et Mary Shelley.

Ses romans : La machine à remonter le temps (1895), L’île du docteur Moreau (1896), L’homme invisible (1897), La guerre des mondes (1898), ont été tous quatre portés à l'écran.

Anticipations (1901) parut tout d'abord par épisodes dans un magazine. Le livre portait le sous-titre « Une expérimentation en prophétie » (An Experiment in Prophecy). Explicitement futuriste, il contient de bonnes intuitions (développement des trains et des voitures lié à la migration des populations vers les banlieues ; recherche de la liberté sexuelle et déclin des restrictions morales) et des erreurs aujourd’hui amusantes : « mon imagination refuse de voir un sous-marin quelconque faire autre chose qu'étouffer son équipage et sombrer au fond des mers ».

Même s'il ne s'agit pas d'un roman de science-fiction, le roman « social » Tono-Bungay (1909) contient ce qui peut être considéré comme sa meilleure intuition prophétique : la désintégration radioactive. Celle-ci joue un rôle clé dans The World Set Free paru en 1914 (titre français : La Destruction libératrice). Le récit tourne autour d'une invention non spécifiée qui accélère le processus de désintégration radioactive afin de produire des bombes qui explosent avec la puissance d'explosifs ordinaires, mais elles continuent d'exploser pendant des jours et des jours. Leó Szilárd reconnut que ce livre lui inspira la théorie de la réaction nucléaire en chaîne.

Wells a eu l’intuition de la reproduction mécanique de la vie animée, qui devait aboutir à la robotique. Les premiers « mécas », les tripodes martiens, apparaissent dans son roman La Guerre des mondes.

Wells a écrit de nombreuses utopies explorant diverses manières d'organiser la société. Elles commencent généralement par la description d'un monde courant à la catastrophe jusqu'à ce que la population mondiale accède à un nouveau mode de vie : soit grâce à un mystérieux gaz libéré par une comète, qui rend les humains plus rationnels (In the Days of the Comet), soit grâce à la prise du pouvoir par un conseil scientifique (The Shape of Things to Come (1933) (adapté plus tard pour le film d'Alexander Korda, Things to Come, daté de 1936). Il envisage une reconstruction sociale d'après-guerre marquée par l'avènement de dictateurs fascistes dans The Autocracy of Mr Parham (1930) et The Holy Terror (1939).

Jusque dans les années 1930, Wells est resté convaincu de la nécessité de créer un État-Monde. Ses efforts pour aider à la création de la Société des Nations n’aboutirent qu’à une profonde déception, lorsqu’elle se révéla incapable d'empêcher la Seconde Guerre mondiale. La guerre elle-même le rendit de plus en plus pessimiste. Dans son dernier livre, Mind at the End of its Tether (1945), il jugea que ce ne serait pas une si mauvaise idée de remplacer l'espèce humaine par une autre espèce.

George Bernanos a pu écrire :

« Dans le dernier petit livre de Wells, l'Esprit au bout du rouleau, malédiction plutôt que testament, l'écrivain célèbre qui se crut jadis naïvement le prophète du futur paradis des machines, du nouvel âge d'or, écrit ces paroles désespérées :

« L'espèce humaine est en fin de course. L'esprit n'est plus capable de s'adapter assez vite à des conditions qui changent plus rapidement que jamais. Nous sommes en retard de cent ans sur nos inventions. Cet écart ne fera que croître. Le Maître de la Création n'est plus en harmonie avec son milieu. Ainsi le monde humain n'est pas seulement en faillite, il est liquidé, il ne laissera rien derrière lui. Tenter de décrire une fois encore la Forme des choses à venir serait vain, il n'y a plus de choses à venir. »

On l’a vu, plusieurs auteurs ont, chacun à sa manière, contribué à la naissance de la science-fiction. Mais on peut créditer Wells d’en avoir fait un genre littéraire et d’avoir préparé son explosion, puissamment aidé en cela par un canular de l’acteur Orson Welles.

Durant la soirée du lundi 30 octobre 1938, veille d'Halloween, CBS diffuse une adaptation de La Guerre des mondes. La mise en onde est très réaliste : Welles se fait passer pour un présentateur de CBS interrompant le programme de la soirée. Une bonne partie de la Côte Est des États-Unis a cru à l'invasion du pays par des Martiens. Les standards de CBS, mais aussi les commissariats ont été submergés d'appels de personnes prétendant avoir aperçu des extra-terrestres. La panique a été relayée durant une semaine dans la presse. Son ampleur aurait été, selon certains auteurs, considérablement exagérée au fil des années, entre autres par Welles lui-même. Cette émission permet cependant à Orson Welles de devenir célèbre dans tout le pays du jour au lendemain.

 

Aldous Leonard Huxley, né en juillet 1894 au Royaume-Uni et mort en novembre 1963 aux États-Unis, est romancier et essayiste. Il a aussi écrit des nouvelles, de la poésie, des récits de voyage et des scénarios de film. Il est le fils de l'écrivain Leonard Huxley. Son grand-père, Thomas Henry Huxley, est un des plus importants naturalistes du XIXe siècle, surnommé le « Bouledogue de Darwin ». Son frère Julian Huxley est un biologiste connu pour ses théories sur l'évolution. La famille de sa mère, Julia Arnold, est plutôt littéraire.

Il commence par publier des poèmes à l'âge de vingt ans. Puis, journaliste, critique musical et critique d'art, il voyage et rencontre les surréalistes à Paris. Il est ami du compositeur russe Igor Stravinsky. Pendant la première guerre mondiale, Huxley fréquente le groupe de Bloomsbury qui réunit à Garsington Manor, propriété de Lady Ottoline Morrell, des intellectuels et artistes contestataires dont l’écrivain Virginia Woolf et l’économiste John Maynard Keynes. Il y rencontre probablement le mathématicien et philosophe Bertrand Russell.

Il se préoccupe particulièrement du danger que font courir à l'humanité des applications du progrès scientifique insuffisamment maîtrisées et potentiellement nuisibles. Il écrit en 1931, en quatre mois, son roman Le Meilleur des mondes (Brave New World), paru en 1932, traduit en français la même année, qui le fera connaître du grand public. Il écrit aussi contre la guerre et le nationalisme (La Paix des profondeurs en 1936).

En 1937, Huxley s'installe à Hollywood en Californie. Initié au Védanta par son ami Gerald Heard et devenu végétarien, il pratique la méditation et le yoga. Il s'intéresse de plus en plus aux questions spirituelles, à la parapsychologie et à la philosophie.

À cette période, il gagne très bien sa vie en écrivant des scénarios pour Hollywood. Il écrit, notamment, l’adaptation à l’écran d'Orgueil et préjugés (1940) et de Jane Eyre (1944). Cet argent lui permet d'aider des Juifs, des écrivains et des artistes fuyant l’Allemagne nazie.

Les écrits d'Huxley sont fortement influencés par le mysticisme à partir de 1945 et par ses expériences hallucinatoires avec la mescaline, à partir de 1953. Il a été un des premiers à faire l'expérience des drogues psychédéliques sur lui-même. Huxley ne cherchait pas seulement une exaltation indéterminée mais cherchait plutôt à atteindre ce qu'il appelle la philosophie éternelle, nom qu'il donna à l’un de ses livres sur ce sujet. Ses écrits sur les expériences psychédéliques deviennent des classiques dans le mouvement « hippy » alors naissant. Le courant de pensée du « New Age » se réfère fréquemment à ses écrits mystiques et à ses expériences des hallucinogènes.

À partir de cette époque, il fréquente beaucoup la région de Big Sur avec d'autres écrivains progressistes. Huxley est considéré par certains, à la fin de sa vie, comme l'un des phares de la pensée contemporaine.

En France, son roman Brave New World, traduit en 1932, a fortement influencé les « personnalistes gascons » Bernard Charbonneau et Jacques Ellul dans leur analyse du phénomène technique et du conformisme social. Pour Charbonneau, il est un « romancier complet qui saisit l'individu dans la réalité de son environnement social ».

Atteint d’un cancer de la gorge, il meurt le 22 novembre 1963. L'annonce de sa mort dans les médias est éclipsée par celle de John F. Kennedy, survenue le même jour.

 

Eric Arthur Blair, de son nom de plume George Orwell, né en 1903 en Inde britannique et mort en 1950 à Londres, est écrivain et journaliste. Il est à Eton l’élève d’Aldous Huxley qui y enseigne le français assez brièvement. Sa vie est difficile et agitée, depuis son passage, mal vécu, dans les forces de l'ordre colonial en Birmanie, ses plongées dans le monde du prolétariat et des bas-fonds à Londres et à Paris jusqu’à sa participation à la guerre d'Espagne. Son œuvre porte la marque de ses révoltes, contre l'impérialisme britannique, pour la justice sociale et le socialisme, contre les totalitarismes nazi et soviétique.

Pendant les années 1930 à 1940, Eric A. Blair est chroniqueur, critique littéraire et romancier. Il prend le pseudonyme de George Orwell en 1933. Parmi ses diverses oeuvres, deux romans publiés après la Seconde Guerre mondiale auront un succès durable. Il achève l'écriture de La Ferme des animaux en février 1944. Le livre est refusé par quatre éditeurs : la mise en cause radicale de l’URSS leur semble prématurée, à un moment où la guerre contre l'Allemagne hitlérienne n'est pas terminée. L'ouvrage ne paraît qu'un an plus tard, en août 1945.

En 1949, il publie « 1984 », achevé à la fin de l'année précédente, son roman le plus connu, considéré comme une référence en matière d’Uchronie et de science-fiction en général. Gravement malade de la tuberculose, il est hospitalisé à l'University College Hospital de Londres, où il prend des notes en vue d'un futur roman. Il y meurt le 21 janvier 1950, à 46 ans.

(Un article consacré à « 1984 » devrait paraître sur le site)

 

Une pléiade de disciples et de satellites :

Jules Verne, H.G. Wells, Aldous Huxley, George Orwell sont les quatre soleils d'une époque qui voit fleurir de nombreux romans d'anticipation scientifique : environ trois mille « romans scientifiques » sont écrits en français entre 1860 et 1950. Cette explosion est favorisée par l'alphabétisation de la fin du XIXe siècle et le développement d'une littérature populaire diffusée par des revues.

Le magazine Sciences et voyages publie plusieurs nouvelles au cours de la première moitié du XXè siècle, tandis que le Prix Jules-Verne récompense divers auteurs de 1927 à 1933 puis de 1958 à 1963.

Dans l'anthologie Chasseurs de chimères (2006), Lehman rassemble des textes tels que la nouvelle de J.-H. Rosny aîné, Les Xipéhuz (1897) ; l'épopée spatiale de Jean de La Hire, La Roue fulgurante, parue dans Le Matin en 1907 ; La Découverte de Paris, d'Octave Béliard, parue dans Lectures pour tous (1911) ; le roman de Maurice Renard, Le Péril bleu (1912), racontant la rencontre avec une autre espèce ; Les Signaux du Soleil (1943) de Jacques Spitz.

Un mot sur Albert Robida né en 1848 et mort en 1926, illustrateur, caricaturiste, graveur, journaliste et romancier, redécouvert grâce à sa trilogie : Le Vingtième Siècle (1883); La Guerre au vingtième siècle (1887), Le Vingtième Siècle. La vie électrique (1890). En 1869, déjà, A. Robida fait œuvre d'anticipation avec une bande dessinée La Guerre au vingtième siècle, campagne de Jujubie, qui décrit la guerre moderne, à base de missiles robotisés et de gaz asphyxiants. Ses qualités de visionnaire ont fait dire de lui qu’il était un autre Jules Verne. Il imagine les développements sociaux qui découlent de ses inventions : promotion des femmes (merci, Albert !) (qu'il voit électrices et éligibles, portant le pantalon, fumant, exerçant des profession libérales), tourisme de masse, pollution. Il imagine aussi le téléphonoscope, écran plat mural qui diffuse des informations politique et culturelles à toute heure du jour et de la nuit. Son œuvre L'Horloge des siècles annonce déjà, selon certains critiques, le P.K. Dick du roman À rebrousse-temps.

Un mot sur J.H. Rosny aîné (1856-1940), nom d’auteur de Joseph Henri Honoré BOEX, à la double nationalité belge et française, connu pour avoir écrit « La guerre du feu ». Il publie en 1909 « Les navigateurs de l’infini ». Il introduit pour la 1ère fois les termes « astronautique » et « astronautes » en 1925.

Quelques mots sur René Barjavel (1911-1985).

René Barjavel, né en janvier 1911 et mort en novembre 1985, est un écrivain et journaliste français, scénariste et dialoguiste de films, principalement connu pour ses romans d'anticipation, de science-fiction ou de fantastique. Certains thèmes y reviennent fréquemment : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, angoisse devant une technologie que l'homme ne maîtrise plus, caractère éternel et indestructible de l'amour, thème de l’immortalité. Il a aussi abordé dans des essais l'interrogation sur l'existence de Dieu et le sens de l'action de l'homme sur la Nature. Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique

René Barjavel tient une place à part : en France il fait figure de précurseur mais il est à l’écart du mouvement qui s’est développé outre-Manche. A l'époque (1943) où il publie ses deux premiers romans, le terme de « science-fiction » n'est pas encore utilisé en France. On parle plutôt de « roman scientifique » (chez Jules Verne), de « roman d'anticipation » (pour J.-H. Rosny aîné ou Albert Robida) ou encore de « roman extraordinaire » (pour Barjavel). Le terme anglo-saxon ne s'imposera que plus tard. C'est un peu a posteriori qu’on rattache ces romans au genre de la science-fiction. De plus, ils sont écrits et publiés dans un Hexagone alors coupé du monde anglophone. De surcroît, Barjavel ne fait intervenir ni extra-terrestres, ni robots, ni voyages spatiaux, ni mutants. Mais il développe déjà des idées typiques du déferlement des années 1950 : voyage dans le temps, fin du monde apocalyptique, retour à la barbarie et autres catastrophes imputables à une technologie aliénante ou utilisée à mauvais escient.

Avant et après la guerre de 1939-1945, il est chef de la fabrication aux Éditions Denoël. Lorsque, pour faits de collaboration, Robert Denoël est démis de ses fonctions, Barjavel dirigera de fait la maison d'édition jusqu’à l'assassinat de l'éditeur le 2 décembre 1945. Pendant l'Occupation (en 1943), il publie deux romans Ravage et Le Voyageur imprudent, en feuilleton dans l'hebdomadaire collaborationniste et antisémite Je suis partout. À la Libération de Paris, il est dénoncé publiquement comme collaborateur puis blanchi.

 

Reflet des inquiétudes très présentes de l'époque, Ravage est une satire qui décrit une civilisation technologique du XXIè siècle — l'action se situe en 2052 — ramenée au Néolithique par la disparition soudaine de l'électricité. Le machinisme s’effondre ainsi que les structures sociales. La loi du plus fort resurgit dans les mégapoles en proie aux flammes et à la famine. Le Voyageur imprudent anticipe la vogue du « paradoxe temporel » des années 1950. Les deux œuvres sont liées : le monde futur très lointain que visite le voyageur du temps fait suite à la catastrophe de 2052. Barjavel y expose une vision « biologique » de l'avenir de l'humanité, illustration délirante des thèses évolutionnistes.

Avec Le Diable l'emporte (1948), en pleine guerre froide, Barjavel aborde la question alors très actuelle de la Troisième Guerre mondiale. Pour s'autodétruire, l'humanité emploie les armes nucléaires et également la manipulation du vivant.

Après un long intermède pour le cinéma pendant lequel il n'a presque rien publié, René Barjavel commence une seconde carrière de romancier qui fera de lui un grand écrivain populaire avec La Nuit des temps, paru en 1968, qui reprend le thème de la guerre totale, et Le Grand Secret, en 1973, assez nettement favorable à la libération sexuelle et plutôt libertaire.

L’œuvre de l’auteur connaît un fort renouveau d’intérêt depuis Demain le Paradis, publié à titre posthume, en 1986.

 

L’âge d’or américain : 1920-1955

Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que la France découvre la SF américaine, notamment sous l'influence de Boris Vian et Raymond Queneau

Paradoxalement, ce sont les États-Unis, entre 1920 et 1955, qui ont donné au genre son « âge d'or ». Ce déplacement de l’intérêt de l'Europe aux États-Unis peut s'expliquer par plusieurs facteurs : la presse populaire en Europe est plus exposée à la censure liée aux publications pour la jeunesse ; la littérature, en France particulièrement, est fortement hiérarchisée entre une littérature « distinguée » et une littérature « de masse » ; l'industrialisation de la presse permet des publications bon marché et à gros tirages.

Une « sous-littérature »

Les revues populaires de faible qualité et très peu chères (pulp) ont été le support de lancement de la SF américaine et ont fortement marqué le genre. Le format et la périodicité ont imposé les nouvelles et les courts romans. Seuls les auteurs les plus célèbres ont écrit des œuvres longues et elles-mêmes pouvaient paraître par épisodes, ce qui n’était pas sans conséquences sur le texte. Les productions habituelles sont médiocres : elles visent d'abord un public populaire et sacrifient la qualité littéraire ou même la vraisemblance à la recherche du sensationnel :

« On caractérise l’époque « Gernsback » par « des récits sans véritable rigueur narrative, où les aventures s'enchaînent de façon simpliste, où la « conjecture » est réduite à un changement de décor et l'altérité des peuples et planètes extra-terrestres simplifiée en « danger universel » ; un merveilleux scientifique proche du scientisme et s'encombrant moins de rigueur que de brillant ; une action frénétique mise au service d'une morale réactionnaire. »

Cette littérature est marquée par son temps, en particulier dans les années 1930-1940 où, à travers les poncifs du genre, transparaissent des thèmes nationaux et populistes. La science-fiction n'échappe pas non plus à l'influence du nazisme.

Et pourtant, des auteurs de référence :

De ces premiers magazines spécialisés ont émergé d’immenses écrivains qui vont devenir pour la plupart les « grands classiques » de la science-fiction : Howard Phillips Lovecraft, Isaac Asimov, Frank Herbert, Ray Bradbury, Frederik Pohl, Robert A. Heinlein, Alfred Bester, A. E. van Vogt, Clifford Donald Simak, Theodore Sturgeon, Fredric William Brown, etc

L'influence du cinéma :

Le cinéma, né en 1895, a sur cette période une influence considérable. Il se tourne très tôt vers la science-fiction et le fantastique, avec Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902) et les films de l’expressionnisme allemand, comme le Nosferatu de F.W. Murnau (1922) et Metropolis de Fritz Lang (1927). Parmi les films majeurs de cette période, on peut citer Frankenstein (James Whale, 1931), King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933), qui étonna par ses effets spéciaux, Le Jour où la Terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still, Robert Wise, 1951.

 

III. LA FIN D’UN MONDE ET L’EMERGENCE D’UN « NOUVEAU » MONDE »

Autant que la diffusion de l’imprimerie et la découverte du continent américain qui ont bouleversé leur époque, autant que l’industrialisation qui a transformé un monde encore agricole et artisanal, aux structures sociales très protectrices, autant l’extension fulgurante du progrès technique a provoqué une crise majeure de l’esprit humain. Ce phénomène a été accentué par l’aspect « fini » de notre monde : « Le temps du monde fini commence » (Valéry). La mondialisation de la guerre, déjà sensible lors de la « première », a été aussi déconcertante que son coût humain et économique. Mais en 14-18, on était encore « entre soi » : le Tsar, le Kaiser et le Roi d’Angleterre étaient cousins germains. La guerre était encore rivalité territoriale et affaire d’alliances diplomatiques. On se battait pour la Patrie. La guerre de 39-45 est devenue guerre d’idéologies : on se bat partout et davantage pour la Liberté ou au nom d’une certaine vision de l’homme que pour défendre son sol. C’est pourtant au nom de ces visions de l’Homme que sont utilisées les armes les plus insensées et perpétrés les massacres les plus inimaginables...

Quant à l’univers ! Lorsqu’un Lucien regardait le ciel nocturne, il pouvait encore s’imaginer qu’en étendant le bras, il pouvait toucher les étoiles. L’homme moderne se trouve confronté à un gouffre : paradoxalement, depuis qu’elle est spatiale, jamais l’exploration n’a repoussé plus loin les limites du monde ni davantage isolé l’être humain. Jamais l’univers, qui ne cesse de s’agrandir, n’a été autant hors d’atteinte. L’angoisse du vide a rejoint les angoisses du destin et du sens de la vie humaine. Saisis par cette inquiétude fondamentale, comme leurs prédécesseurs - aux mêmes maux, les mêmes remèdes-, les écrivains vont chercher dans une écriture poétique d’un nouveau genre les moyens d’exorciser la fin de la civilisation connue et l’émergence de nouvelles façons de vivre et de sentir.

De ce moment de basculement, à la fois terrifiant et magnifique, le meilleur témoin est Arthur C. Clarke.

Arthur Charles Clarke,

ou Arthur C. Clarke2, né en décembre 1917 au Royaume-Uni et mort en mars 2008 (à 90 ans) au Sri Lanka, est un écrivain britannique, futurologue, présentateur télé, explorateur sous-marin et inventeur.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe à l’élaboration du système d’alerte radar. Il a été président de la société interplanétaire britannique (British Interplanetary Society) et membre du club des explorateurs sous-marins (Underwater Explorers Club). Sa contribution scientifique la plus importante est certainement le concept de satellite géostationnaire largement mis en œuvre de nos jours pour les satellites de télécommunications, qu’il proposa dans un article de Wireless World en 1945, et plus tard l’utilisation de plates-formes à satellites pour l’observation de la Terre.

Il se consacre à l’écriture à plein temps à partir de 1951.

La célébrité lui vient grâce à son livre 2001 : l’Odyssée de l’espace. Le 22 avril 1964, Clarke rencontre le réalisateur Stanley Kubrick. Les deux hommes décident de travailler ensemble sur un projet fondé sur la nouvelle La Sentinelle. Le livre sera publié peu après la sortie du long-métrage en 1968. Les deux versions diffèrent légèrement l’une de l’autre, au profit du film, semble-t-il ; une fois n’est pas coutume..

Retiré depuis 1956 au Sri Lanka, ne pouvant plus se déplacer autrement qu’en fauteuil roulant à la suite d’une poliomyélite, Clarke envoie aux responsables, depuis le Sri Lanka, en septembre 2007, un message de félicitations pour le survol de Japet, satellite de Saturne, par la sonde spatiale Cassini-Huygens (lancée le 15/10/97), après un voyage de 7 ans et 3,5 milliards de km, moment prodigieux où la réalité rejoint la fiction de son roman le plus célèbre.

Il a écrit des grandes séries regroupant plusieurs romans :

La Trilogie de l’espace (1951-1955) ;

L’Odyssée de l’espace (1968-1997) :

  1. 2001 : l'Odyssée de l’espace ( 1968)
  2. 2010 : Odyssée deux (1982), connu sous le nom de 2010 : L'Année du premier contact à la suite du film américain réalisé par Peter Hyams (1984
  3. 2061 : Odyssée trois (1988)
  4. 3001 : l'Odyssée finale (1997)

Rama (1973-1993) dont Rendez-vous avec Rama (1973) : Prix Nebula du meilleur roman et prix British Science Fiction 1973, prix John Wood Campbell Memorial et prix Locus du meilleur roman (1974), et la suite, co-écrite avec Gentry Lee.

Base Vénus (1987-1993), co-écrite avec Paul Preuss ;

L'Odyssée du temps (2003-2007) co-écrite avec Stephen Baxter.

Et des romans indépendants (1951-2008), dont :

·  Les Fontaines du paradis (1978), Prix Hugo et Prix Nebula du meilleur roman (1980)

·  Chants de la Terre lointaine (1986), qui a inspiré l’album de Mike Oldfield The Songs of Distant Earth,

sans compter d’innombrables nouvelles dont Le Vent venu du soleil (1972), lauréat du prix Locus, qui obtient en 1973 le prix Nebula et en 1980 le prix Hugo.

 

La Vague et la Vogue de la SF : Esquisse

Depuis les années 1960/1970, la science-fiction est un genre littéraire foisonnant et diversifié. Elle est toujours servie par un imaginaire d’une richesse inouïe et son langage est de plus en plus épuré. Tout en restant œuvre d’évasion, elle est ancrée dans son temps. Elle conserve sa caractéristique d’être un regard observateur et critique sur la société. Influencée par la contre-culture et les sciences humaines, elle propose une réflexion sur tous les problèmes contemporains : écologie, sociologie, rôle des médias, sexualité, drogues, rapport au pouvoir, aux nouvelles technologies, à l’histoire.

A l’époque actuelle, les sous-genres se sont multipliés et de nouveaux continuent d’apparaître. Cela n'empêche pas les éditeurs de poursuivre la publication d’une science-fiction purement distractive. La SF continue à mêler œuvres de grande qualité et « littérature de gare ».

Parmi les auteurs contemporains de langue anglaise :

Parmi les auteurs des USA, on peut citer, entre autres : Ira Levin, né en 1929 et mort en 2007 (à 78 ans), l’inclassable et sulfureux Philip Kindred Dick, né en 1928, mort en 1982 (53 ans), la prodigieuse Ursula K. Le Guin, née en 1929 (87 ans), Joe Haldeman, né en 1943 (74 ans ), John Herbert Varley, né le 9 août 1947 (69 ans), Dan Simmons, né en 1948 (68 ans), Orson Scott Card né le 24 août 1951 (65 ans) *,

*Orson Scott Card, s'est surtout illustré dans le genre de la fantasy. Il a reçu les prix Hugo et Nebula deux années consécutives, au titre de son Cycle d'Ender, ce qui constitue une première dans l'histoire de la science-fiction.

Parmi les canadiens : Robert J. Sawyer, né en 1960 (56 ans), que l’on commence enfin à traduire en français.

Parmi les britanniques : l’écossais Ian M. Banks (1954-2013), le Gallois Alastair Reynolds né en 1966 (50 ans), Peter F. Hamilton né en 1960 (57 ans), etc

La « nouvelle vague » de la science-fiction française :

Depuis 1970, on compte entre autres : Pierre Pelot (alias Pierre Suragne), Jean-Pierre Andrevon, Gérard Klein (responsable de la collection Ailleurs et Demain des éditions Robert Laffont, qui a fait beaucoup pour donner à cette littérature ses lettres de noblesse), Michel Jeury, Philip Goy, Dominique Douay, Pierre Bordage et Ayerdhal ou encore Philippe Ébly (pour les enfants et adolescents des années 1970 et 1980). Alain Damasio (né en 1969 : 47 ans) propose quant à lui une science-fiction libertaire et militante en réaction aux sociétés de contrôles et à l’émergence des réseaux sociaux. Serge Brussolo, né en 1951 (65 ans), écrivain de science-fiction, de roman policier, de fantastique et de roman historique, émerge à partir de 1979.

On peut aussi créditer Robert Merle (1908-2004) de deux romans de science-fiction (Malevil en 1972 et Les hommes protégés en 1974).

Pays de l’Est

On compte aussi de nombreux auteurs de talent dans les pays de l’Est (rarement traduits en français) avec à leur tête le Polonais Stanislas Lem et les frères russes Arcadi et Boris Strougatski.

La création de prix littéraires

La vitalité de cette littérature nouvelle a entraîné la création de prix littéraires spécifiques : ils ont été lancés d'abord par les amateurs de science-fiction, puis par des éditeurs. Les plus importants de ces prix sont pour les Etats-Unis les prix Hugo (Gernsback, pas Victor !) et Nebula, le prix P.K. Dick ; pour la France le Grand prix de l'Imaginaire et le prix Rosny aîné, le prix René Barjavel mis en place dans le cadre des « Intergalactiques 2016 », festival de science-fiction organisé à Lyon ; pour la Grande-Bretagne le prix British Science Fiction et le prix Arthur Clarke (créé en 1987) etc

Un intérêt grandissant :

D'après les premières enquêtes, le lectorat de la science-fiction était majoritairement masculin et juvénile (collégiens ou lycéens). Récemment, des études sociologiques plus rigoureuses ont fait ressortir qu’à l'école, la SF est la littérature privilégiée des bons élèves, filles et garçons, et issus de milieux aisés.. Ses lecteurs adultes disposent d'une éducation supérieure à la moyenne, technique ou non.