A propos de l'auteur - Jean-Guy Soumy - il est né en 1952 - dans la Creuse - c'est un écrivain français qui fait partie de l'école de Brive - courant contemporain du roman de terroir - il est enseignant universitaire et a publié à ce jour une quinzaine de romans.
Même si le titre est plus poétique, il rappelle "la chair à canons" que constituaient les poilus de la 1ière guerre mondiale. De nombreux romans ont été publiés suite à cette boucherie "Le feu" d'Henri Barbusse," Les croix de bois" de Roland Dorgeles, qui étaient vécus de l'intèrieur par les poilus.Ici, c'est une femme Anna qui en est l'héroïne, bien malgré elle. C'est une femme ballotée par les évènements - qui va connaitre une descente aux enfers et réussira à devenir une photographe de renommée internationale.
C'est ce parcours hors du commun que nous livre l'auteur qui s'est documenté sur divers sujets.
En début de roman, Anna est une simple paysanne, elle vit avec sa belle-mère et son jeune beau-frère. Son mari Pierre étant parti au front, il revient aux deux femmes de le remplacer et d'assurer tous les travaux agricoles - la mésentente entre les deux femmes n'arrange pas l'ambiance à la ferme d'autant plus qu'Anna fait l'objet de convoitise de la part de son beau-frère.. Lorsque Pierre bénéficie d'une permission, la jeune mariée constate la métamorphose de ce dernier - lui si doux - bienveillant et prévenant se conduit comme un hussard et n'a plus de conversation avec elle - le malaise, un mur de silence et de non-dits s'installent entre les deux époux.
Anna décide de quitter la ferme et de se faire embaucher dans l'usine de munitions à Saint-Etienne, où comme les autres femmes, elle sera exploitée et contrainte à des cadences inhumaines - les lettres qu'elle reçoit de son mari sont toujours aussi hermétiques et peu à peu elle en vient à souhaiter la mort - ce serait si facile de se fairer happer par la machine devant laquelle elle travaille... Elle sera détournée de ce funeste projet par un jeune employé - d'origine juive et rescapé d'un camp de prisonniers en Allemagne - cet homme doux la subjugue , il est cultivé et la motive à lire, à se cultiver. Finalement c'est la passion les réunit et elle renait à la vie. Mais ce bonheur est tellement visible qu'ils sont dénoncés et envoyés devant un tribunal après le constat d'adultère duement établi... C'est qu'on ne badine pas avec ces chose- là. Au travers du mari bafoué qui est au front, ce sont tous les soldats qui sont cocufiés et Anna apprend donc à ses dépens que ses velleités de liberté ne pèsent pas bien lourd en temps de guerre et que c'est la nation qui se sent trahie... Elle est condamnée à la prison malgré deux témoignages de moralité celui de son mari qui stipule que c'est la guerre qui pervertit les gens et celui d'un soldat américain croisé lors de son voyage sur Saint-Etienne qui avait été frappé par la dignité d'Anna lorsqu'elle avait éconduit deux hommes qui lui faisaient des avances non déguisées...En prison elle retrouvera d'ailleurs des collègues de travail dont le tort était de militer en vue de l'amélioration de la condition féminine. A sa sortie, personne ne l'attend, elle est seule - sans ressource aucune. Vers qui se tourner ? Tout le monde la méprise -son mari a obtenu le divorce - Simon, son seul amour est mort de la grippe espagnole - tueuse plus efficace que la grande guerre car elle a décimé entre 1918/1920, 50 millions de personnes !!! La seule main tendue sera celle du soldat américain. Sans contrepartie celui-ci lui rend figure humaine. Il l'incite à rejoindre l'organisation américaine C.A.R.D (comité américain pour les régions dévastées) stationnée non loin du front qui vient en aide aux réfugiés et aux malheureux ayant tout perdu. Elle passe son permis de conduire - pour cet officier rien n'est impossible, il lui insuffle son énergie. Là est le point de départ d'une renaissance et d'une possibilité de regagner l'estime de tous.
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