Notre rencontre Biblihautpays s’est déroulée sous le signe de la Nature. Comme prévu, nous nous sommes retrouvés pour ouvrir ensemble la nouvelle édition nationale de la Fête de la nature. Afin de nous mettre dans l’ambiance, j’avais choisi de partager nos lectures autour d’un genre littéraire bien particulier, le « Nature writing » (voir ici la définition et la bibliographie, ici).
Une quinzaine de personnes venues de Caille, Saint-Auban et Valderoure se sont donc retrouvées à la bibliothèque de Caille. Le libraire ambulant Ratatosk s’est joint à nous et a apporté une sélection d’ouvrages sur la thématique du jour.
Ceux qui sont arrivés un peu en avance ont dû chuchoter car les enfants de l’école de Caille occupaient la bibliothèque en regardant un dessin animé pendant leur temps TAP. (Cela m’a donné l’idée de proposer un temps TAP inter générationnel autour de la lecture : Pendant ¾ d’heure précédant la rencontre Biblihautpays, les personnes qui le souhaitent assistent à un temps TAP dédié à la découverte des lectures pour les enfants. Les personnes âgées présentent aux enfants des livres pour petits ou pour adolescents qu’elles ont lus. Les enfants lecteurs parlent aussi de leurs lectures et les grands parents repartent avec « les aventures d’Aurélie Laflamme » à dévorer avec leurs petits enfants …)
Yvette nous a parlé de l’œuvre de Mario Rigoni Stern, un auteur italien, ancien chasseur alpin, dont l’écriture est très marquée par la guerre. La nature est omniprésente dans son œuvre. Ses textes sont très souvent de courtes descriptions de lieux, d’arbres, d’animaux et se lisent un peu comme des contes.
Ensuite Marie de Caille nous a parlé du « Mur invisible » de Marlen Haushofer. Ce livre l’a laissée perplexe. « Il ne passe rien… alors on lit, on lit et au bout de 300 pages on se dit qu’il va se passer quelque chose mais il ne se passe toujours rien. Mais dans les trois dernières pages il se passe quelque chose et là on se dit qu’on aurait préféré qu’il ne se passe rien finalement ! « Il s’agit d’une femme qui se réveille un matin et qui se retrouve complètement isolée, derrière un mur invisible. Elle n’a qu’une vache et un chien. Elle va réapprendre les gestes quotidiens de survie et découvrir la solitude.
Françoise Lucas, passionnée de science fiction, nous parle alors d’un ouvrage : « Moi qui n’ai jamais connu les hommes » de Jacqueline Harpman qui parle aussi d’isolement et de solitude. Mais cette fois-ci, il n’y a pas de lien avec la nature. La nature est présente mais plutôt comme un tableau, un décor, sans aucune interaction avec les personnages. Je propose à Françoise d'organiser avec elle une rencontre sur le thème de la littérature de science fiction. Nous pourrions l'envisager dans le courant de l'automne.
Bernard nous rappelle alors que le maitre du sentiment de la nature est Virgile. Il nous parle des Géorgiques qui présente la nature du point de vue du travail des paysans. Bernard nous explique que chez les latins, on oppose toujours fortement la civilisation à la culture, réputée sauvage, voire repoussante, car non civilisée.
Bernard nous parle ensuite de Giono, du premier Giono, celui de la trilogie de Pan (1920-1930) qui met en scène les forces primordiales où très souvent l’homme et la nature se mesurent dans des combats – Que ma joie demeure, le chant du monde.
Marie de Caille nous présente ensuite du livre « Into the wild » qu’elle est en train de lire. Nous évoquons aussi l’adaptation réalisée par Shean Penn au cinéma.
Gautier, le responsable de la librairie ambulante nous raconte alors son expérience avec les amérindiens. Ayant vécu parmi eux, il a été touché par le côté mystique avec lequel cette culture envisage la nature. Il nous explique que les jeunes d’aujourd’hui lisent toujours avec passion « le dernier des mohicans » de Fenimore Cooper. Françoise de Valderoure nous rappelle alors que les littératures d’évasion relèvent presque toujours d’une quête mystique. Ce sont des ouvrages sur la présence dans l’absence. C’est presque toujours camouflé dans des récits d’aventure. Mais la quête mystique est taboue. C’est pourtant bien le fond d’un roman comme Moby Dick de Melville comme nous le signale Bernard. Je rappelle aussi la fin d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Poe où le héros s’enfonce à la rencontre de quelque chose d’immense et blanc, au Pôle nord.
Gautier nous présente quelques livres plus contemporains : Demain de Cyril Dion et l’œil d’Eunice de Calouan. C’est un ouvrage écrit à l’intention des adolescents. Les enfants d’un collège sont sensibilisés aux produits chimiques utilisés dans les champs car le père d’un de leurs camarades tombe gravement malade. Des solutions alternatives sont proposées pour l’agriculture.
Les personnes présentes ont été heureuses de se retrouver autour d’une table afin de partager leurs lectures !
Eh bien même si je n'étais pas parmi vous, j'ai pris un grand plaisir à lire quelques uns des échanges qui ont nourri votre rencontre lecture. Je salue également l'idée de créer un TAP autour de la littérature jeunesse. J'ai beaucoup de livre dont je ne peux pas me séparer, mais que je laisserai volontiers à disposition pour cette aventure lecture. A très bientôt. Corinne
Merci Corinne pour ton commentaire. Oui j'aimerais vraiment créer une dynamique autour de la lecture avec les enfants. Merci pour ta proposition de prêter des livres !