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- Le 20 janvier à St Auban, vagabondage et nuit de la lecture - par Béasihono

- Le 20 janvier à St Auban, vagabondage et nuit de la lecture - par Béasihono

janvier 29/Virginie/

  Source image : Pinterest

 

Nous étions neuf en tout et pour tout avec Gauthier qui a finalement  pu venir malgré sa bronchite.

LA REUNION A COMMENCE PAR LE CLUB DE LECTURE

 

 

Pour démarrer, F.L.  présente le Vagabondage maritime.

Elle a tenu à souligner que l’ordre chronologique de la bibliographie conseillée était important, même s’il tenait plus aux périodes de vie maritime qu’aux dates de naissance des auteurs ou à celles de la parution des ouvrages : on commence par Joshua SLOCUM vers 1900.... pour terminer par Christophe HOUDAILLE vers 2000 : un siècle de vagabondage sur toutes les mers.

Au travers de ses différentes lectures, elle a constaté que le mode de transport peut créer un monde particulier et différent, même s’il y a toujours vagabondage.
Pourquoi le choix de ces dix auteurs ? J. SLOCUM et  J. LONDON ont initié le genre qui peut être appelé "le vagabondage maritime". Ces dix auteurs, majoritairement des hommes (8 pour 2 femmes) ont laissé transparaître leurs émotions et leurs sentiments personnels plus que d’autres (les navigateurs anglais notamment). Pour mieux apprécier SLOCUM, elle nous conseille de privilégier  la nouvelle traduction de Florence HERBULOT du roman « Navigateur en solitaire ».

Les caractéristiques des vagabonds des mers livrées par FL :
Ils ont des références communes et des lieux mythiques. Ils ont presque tous commencé très jeunes à monter sur un voilier - et ont participé aux différentes manoeuvres en équipage avant de parvenir à naviguer en solo. Ils rencontrent chacun(e) à un moment donné des périodes de "galère" et de recours au système D - beaucoup ont dû faire des petits boulots bien éloignés de la mer pour gagner de l'argent et économiser ;  beaucoup se sont serré la ceinture pour pouvoir réaliser après moult épreuves leur rêve. F.L. souligne que le risque de clochardisation est très grand dans le vagabondage maritime car armer un bateau est très onéreux et tout peut très vite basculer.
Ce sont des marins de sang, ils donnent tout. Ce sont des amateurs, ce sont de véritables vagabonds. Ils sont en voie de disparition au profit des grands vainqueurs de grandes courses (Vendée-Globe - Coupe de l'America...) - largement sponsorisées - qui plongent de plus en plus dans les « Soixantièmes mugissants » pour réduire les distances.

J. et Gauthier (avec une toute petite voix mais vigoureusement) réagissent alors et font part de leur désaccord : pour eux, il s'agit également d'aventuriers et les vainqueurs de ces courses ne doivent pas être dédaignés. Leurs victoires sont la conséquence de longues années de galère, pour eux aussi.

F.L. en convient volontiers et ajoute que le mot « amateur » doit être précisé.
Tous sont en symbiose avec leur bateau, qui va permettre l'EXPLOIT - certains s'identifient carrément à leur voilier et lorsqu'on parle d'eux, c'est au travers du nom du bateau, sauf deux exceptions F. Arthaud et J.F. Deniau. Leur courage frise l'héroïsme mais peut tomber dans une sorte d'addiction. Ils ont des personnalités qui combinent l'humour, la modestie, la réserve et la simplicité.
Leur quête de la LIBERTE se heurte paradoxalement à un sentiment d'emprisonnement (renforcé par l’exiguïté du navire et la solitude).

Béa présente  "Les Mascottes du Tahiti Nui"par Jaime Bustos Mandiola 

Elle a lu ce livre étant enfant et l’a relu pour les besoins du club. Il est paru en 1959 dans la collection pour enfants "Rouge et or" mais, bien entendu, peut être lu et apprécié par les adultes. C'est un chat qui est le narrateur de cette aventure : il confie dès le début du livre qu'il est le petit-fils de celle qui avait accompagné l'expédition du Kon-Tiki en 1947 et qu'il compte faire aussi bien que son aïeule !!!  Eric de BISSCHOP, navigateur français, avait l'idée que les Polynésiens dans des temps ancestraux avaient, à partir de Tahiti, réussi à naviguer dans l'immensité du Pacifique et à rallier le Chili. Pour vérifier cette hypothèse, à partir de 1937, il a essayé à de nombreuses reprises de construire divers radeaux  avec des matériaux locaux (cocotiers et bambous). Après plusieurs échecs, en 1956 il lance l'expédition du Tahiti Nui (en langue polynésienne : le pays du soleil levant), de Papeete (Polynésie française) aux côtes chiliennes. Il embarque sur un radeau de bambou à voiles tressées quatre co-équipiers, trois chats et une truie - sans oublier l'eau et diverses denrées alimentaires. Les jours passent, les semaines et les mois - nous vivons au rythme de ce périple qui connaît des heurs et des malheurs, où ils frôlent la mort. Une nouvelle tempête gigantesque va sceller leur destin. Le Commandant BISSCHOP doit se résoudre à appeler du secours lorsque le radeau menace de se disloquer. Le seul moyen d’en obtenir est d’envoyer un message de détresse en langage « Morse ». Une frégate  chilienne viendra récupérer l'équipage et les animaux, alors qu'ils ont parcouru les neuf dixièmes du trajet et que ce voyage aura duré plus de six mois. Seul un chat n'aura pas survécu à l’aventure, emporté par une maladie.
Quant à l'auteur de « Mascottes du Tahiti Nui », il s'agit du secrétaire de l'expédition qui devait réceptionner l'équipage et les animaux lorsque ceux ci atteindraient le Chili, mais comme on l'a vu, tout ne s'est pas passé comme prévu.

Nicole précise que l'expédition du Kon-Tiki, 8 000 km et trois mois et demi de navigation à l’ancienne, a été menée avec succès par le navigateur, anthropologue et archéologue norvégien Thor HEYERDAHL en 1947. Tenant à l’hypothèse inverse, lui était parti du Pérou pour rallier l’archipel polynésien des Tuamotu. Le Kon-Tiki était un radeau de balsa, muni de petites voiles et poussé par le courant de Humboldt. Il avait alors pour équipage 5 hommes et un perroquet.

Gauthier nous présente une BD intitulée « Sous le Pavillon du Tsar » dont l'auteur est Dimitri (1995).

Il s'agit du périple fabuleux de la Flotte russe de la Baltique pendant la guerre russo-japonaise de 1904-1905, périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, prévu pour au moins 8 mois, loin de tout port d'attache et de ravitaillement car la Russie n'avait aucune colonie, aucune conquête le long de l'itinéraire. Commandée par l'amiral Rojdestvensky, elle part de St Petersbourg dans un climat tragique presque paranoïaque, passe par la Manche, se divise à Tanger : une partie passe par le canal de Suez, l’autre fait le tour de l'Afrique dans des conditions difficiles et démoralisantes, essuie un ouragan en doublant le Cap de Bonne Espérance. La flotte se regroupe en vue de remonter vers Vladivostok, et finalement est coulée en totalité par la flotte japonaise sous les ordres de l'amiral Togo, dans le détroit de Tsushima qui sépare la Corée du Japon.

Cette Armada pourtant formidable a vécu un véritable vagabondage. Elle était en mauvaise posture à plus d'un titre  (équipages inexpérimentés - ses matelots étaient encore des paysans quelques mois auparavant -, manque de coordination du commandement, vieux cuirassés mal entretenus pour la plupart, que les marins baptisent les « coule-tout-seul »). Elle est allée de port en port dans la recherche obsessionnelle d’un approvisionnement en charbon dont elle faisait une consommation énorme. Pour faire une route courte (toujours les problèmes de charbon), elle s’enfonce dans le détroit, est interceptée par la flotte japonaise et c’est le carnage. Il s'agit d'un épisode historique oublié (volontairement ??) qui a peut être eu un rôle acteur dans les problèmes politiques actuels.

Gauthier nous présente ensuite un second ouvrage sur le même événement : "Autour de Tsoushima"  par Alain QUELLA-VILLEGER et Dany SAVELLI (2005)

C’est une anthologie de textes littéraires de toute nature parus à l'époque, d’écrivains (Jack London - Gaston Leroux - Léon Tolstoi et bien d'autres) et de journalistes car la guerre fut suivie par la presse mondiale, au jour le jour, pendant près d'un an et demi.
Ces textes retracent l’histoire de la bataille de Tsoushima, donc, entre la Flotte russe de la Baltique (inférieure en moyens et en armement, épuisée par son demi-tour du monde) et la Marine impériale japonaise (équipée des derniers moyens technologiques et de bâtiments récents, et dans ses eaux). Ce fut une des plus grandes défaites navales de l'histoire, aux dépens de la Russie, bien sûr, mais elle retentit dans le monde d’alors comme la défaite d'une puissance d'Occident face au nouveau Japon.

Une discussion animée

 

s’engage alors sur la façon dont l'Histoire ne reflète pas toujours la réalité : elle focalise sur certains évènements et pas sur d’autres.

F.L. donne en exemple le cas du naufrage du Titanic. Ce drame de 1912 a été sur-médiatisé eu égard au nombre des morts (1 500). Mais où et quand a-t-on parlé du paquebot allemand Wilhem Gustloff coulé le 30 janvier 1945 par un sous-marin russe, naufrage au cours duquel environ 8 000 personnes, voire 10 000, des réfugiés civils du front de l’Est qui n’ont pas été comptés exactement, sont mortes dans la Baltique. Ces victimes et celles des cinq autres transporteurs coulés soit par le même sous-marin russe (total cumulé : 15 000) soit par la Royal Air Force (8 000), qui s’en souvient ? Egalement discrétion générale sur le prix que le peuple allemand a payé pour l’épisode nazi de son histoire (bombardements de la population civile de Dresde et Hambourg, des milliers de morts innocents…).
Gauthier rebondit en citant le largage des  bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Militairement parlant, le bombardement de Nagasaki ne se justifiait pas puisqu'il a eu lieu après la reddition de l’Empire japonais. L’hypothèse a été émise qu’il s'agissait d'une expérimentation car la topographie du terrain était différente pour ces deux villes. Pour rappel, 340 000 habitants ont perdu la vie immédiatement ou dans les jours suivants - mais beaucoup de personnes sont mortes bien après et encore de nos jours. 

 

LA REUNION S’EST POURSUIVIE PAR L’INTERVENTION DE MENDY

 

Mendy nous lit des poèmes de Patrice ALZINA : « Sea Front » et « Le cheval libre », qui ont la mer en toile de fond.

Puis elle nous montre le nouveau recueil de poésie qu'elle doit publier très bientôt. Elle envisage de lui donner comme titre « Betelgeuse ». G. intervient pour la mettre en garde car ce nom est déjà employé par d'autres personnes à divers titres. Son site risque d’être "noyé" parmi ceux des autres lorsque des internautes la chercheront sur Google ou d’autres moteurs de recherche. Mendy reconnaît qu’il y a là un risque à ne pas négliger et invite les participants à lui soumettre des propositions de titre.
Son recueil est un « vagabondage émotionnel », qui s'articule en 3 parties
                                   1 - Folles déceptions
                                   2 - Mots
                                   3 - Contemplations
A notre grand plaisir, elle nous lit quelques poèmes pris dans l'une ou l'autre de ces trois parties.

Ensuite, de façon impromptue, à la demande générale des participants, elle nous offre une initiation à une technique d’atelier d'écriture, intitulée "cadavre exquis". Elle écrit une phrase en haut d'une feuille de papier, la replie de façon à cacher son texte, reporte à la ligne suivante le dernier mot qui est donc visible pour la personne suivante, qui à partir de ce mot, va également composer une phrase. On procède de la même façon ainsi de suite, jusqu'à ce que toutes les personnes présentes aient apposé une phrase selon leur fantaisie.
Après avoir déplié la feuille, c'est le moment de lire le texte collectif.  A l’étonnement de tous, il est étrangement poétique. Même s’il est étranger au thème d’aujourd’hui, nous sommes si contents de l’avoir élaboré que nous demandons son inscription au PV de séance du club de lecture, sous le titre unanimement retenu – et non prémédité - de « BETELGEUSE ».

                                         « Lors d'un bel après midi de janvier un groupe d'amis est réuni, les mots, les

                                        toasts, les souvenirs et on rit du premier au dernier. Nous avançons sur les chemins

                                        qui nous ont amenés cet après midi ici, bénis des dieux qui nous conduisent très

                                        loin, là où la montagne se perd dans la neige qui tombe à gros flocons. Vivement le

                                               partage, être ensemble et continuer dans la joie, l'Amour et l'amitié.

                                           L'amitié bafouille, gribouille mais m'embrouille, voyons si je vais l'éclairer.

                                                                 Son visage se tourne alors vers la voie lactée »



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Commentaires/ 7

  • Portrait de Un de l'Escouissier
    Un de l'Escouissier (non vérifié)
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    Merci pour le rappel du torpillage du Wilhem Gustloff. C’était un paquebot de croisière mais il avait été réquisitionné pour des transports de troupes. Cela a permis d’appeler « acte de guerre » ce massacre de civils. C’est pour cela qu’il n’a pas été comptabilisé et que le Titanic a pu être considéré longtemps comme la pire catastrophe maritime du XXè.

  • Portrait de Amélie
    Amélie (non vérifié)
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    On voit bien que les membres du club n’ont pas l’habitude des « ateliers d’écriture » ! on se régale de trouvailles de ce genre. Avec le « cadavre exquis » on fait très souvent des découvertes à mourir de rire et avec les « poèmes improvisés » on se rend compte que chacun, sans le savoir, est un poète.

  • Portrait de Virginie
    Virginie
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    Bonjour, Un de l'Es et Amélie, merci pour vos remarques ! Oui c'est le moment de se découvrir poètes avec le"Printemps des poètes" qui se prépare ... on souhaite que tout le haut pays soit submergé de poésie !

  • Portrait de MES
    MES (non vérifié)
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    Moi, si tu me submerges de Courvoisier, je suis partant pour le printemps !! J'assume, j'assume ! AH AH!

  • Portrait de Bent'ji
    Bent'ji (non vérifié)
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    Vraiment une super réunion ce jour là ! les clubbistes ont bien de la chance ! pour nous pauvres blogueurs, on a la chance d’avoir un PV bien détaillé. Merci Béasihono ! et merci à Gauthier aussi ! j’avoue que je ne savais à peu près rien de la guerre russo-japonaise et je ne dois pas être le seul ! Je pense que c’est le texte de l’intervention de F.L. qui vient d’apparaître en article dans « sous la lampe ». Comme on ne peut pas faire de commentaires dans cette rubrique, je dis ici combien je l'ai apprécié. Il donne merveilleusement envie de lire tous ces livres. Est ce qu’on a ces titres dans les bibliothèques locales ?

  • Portrait de Pierre
    Pierre (non vérifié)
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    voyez ce gentil-tout-plein qui distribue les médailles en chocolat à tout le monde ! on nous a changé notre Bentji ! mais si tu t’imagines que je vais laisser passer une telle occasion de te donner une leçon ! moi aussi je sais causer français et je te dis que clubiste en français c’est un seul « b ». Et puis en plus, t’es pas logique, pourquoi blogueurs et pas bloggueurs ? T’as pas honte !? Tu vas te faire assaisonner par F.L. ! meme que ça m’étonne son manque de réaction, elle doit être encore en train de grignoter sa médaille…

  • Portrait de Virginie
    Virginie
    jan 29, 2018, 09:41-répondre

    Bonjour Bent'ji merci pour ce commentaire ! Pour les titres je ne sais pas trop, je vais voir au moins dans celle de Caille car j'ai facilement accès aux rayons ! A bientôt


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