- Le bal - d'Irène Nemiroski par Beasihono

Irène Némirovsky est une romancière russe d'expression française, née le 24 février 1903 à Kiev et morte le 19 août 1942 à Auschwitz.

Courte nouvelle - 128 pages- qui se lit vite et bien grâce à la plume de l'auteure, fluide et efficace, et aurait pu s'appeler "La vengeance est un plat qui se mange froid"

Dès le début on est happé par l'histoire et la haine qui couve dans cette famille entre la mère et sa fille... La mère est vulgaire et acariatre, particulièrement méprisante envers la domesticité... On ne peut avoir de compassion envers cette famille de parvenus qui veut éblouir la haute société qu'ils sont arrivés à atteindre par un joli coup de bourse.. Dans le nouvel appartement, le blanc est de rigueur - mais quelle noirceur de sentiments !

Pour épater la galerie, la mère et le père, plus en retrait, vont organiser un bal - Antoinette leur fille agée de 14 ans pense ingénuement qu'elle va pouvoir faire son entrée dans ce bal - donc dans le monde des adultes ..

C'est sans compter sur la mère qui voit dans sa fille une rivale - un petit bouton de rose qui ne demande qu'à éclore et va lui faire de l'ombre - donc le refus est cinglant et sans appel -" Antoinette est bien trop jeune" et tout ne va pas se dérouler comme prévu

Antoinette est mortellement blessée et va se venger avec délectation...

Nouvelle fulgurante et initiatique sur l'enfance et ses tourments.

Adaptations

Au cinéma : 1931 : Le Bal, comédie dramatique réalisée en par Wilhelm Thiele, avec Danielle Darrieux (Antoinette), Germaine Dermoz (Rosine Kampf), André Lefaur (Alfred Kampf), noir et blanc, 75 minutes. Une version allemande est tournée peu après avec Dolly Haas (Antoinette). Longtemps cru perdu, le film français a été retrouvé à Moscou et fait aujourd'hui partie du fonds de la cinémathèque de Toulouse.

À l'opéra : Le Bal, opéra en un acte pour six voix et orchestre d'Oscar Strasnoy, sur un livret de Matthew Jocelyn. Créé en mars 2010 à l'opéra de Hambourg (direction : Simone Young ; mise en scène M. Jocelyn) ; repris en novembre 2012 au Prinzregententheater de Munich (direction : Ulf Schirmer ; mise en scène : Karsten Wiegand) ; en janvier 2012 a été donnée au théâtre du Châtelet à Paris une version concertante (direction : Anu Tali ; mise en espace : M. Jocelyn, avec animations en images).

Au théâtre : Le Bal, adaptation de Virginie Lemoine. Créé au théâtre de la Huchette en 2013 et repris en janvier 2017 au théâtre Rive Gauche, dans la même mise en scène de Virginie Lemoine et Marie Chevalot, et avec les mêmes comédiens : Lucie Barret (Antoinette), Brigitte Faure (Rosine Kampf), Serge Noël (Alfred Kampf) et Françoise Miquelis (Mlle Isabelle). Spectacle de 75 minutes environ, incluant à la fin une présentation de la vie d'Irène Némirovsky.

Extraits

Attendre... et ces mauvais désirs... pourquoi cette envie honteuse, désespérée, qui ronge le coeur en voyant passer deux amoureux au crépuscule, qui s'embrassent en marchant et titubent doucement, comme ivres... Une haine de vieille fille à quatorze ans ? Elle sait bien pourtant qu'elle aura sa part ; mais c'est si long, ça ne viendra jamais, et, en attendant, la vie étroite, humiliée, les leçons, la dure discipline, la mère qui crie... (p. 36-37)

Et un jour… pour la première fois, ce jour-là elle avait désiré mourir… au coin d’une rue, pendant une scène, cette phrase emportée, criée si fort que des passants s’étaient retournés : "Tu veux une gifle ? Oui ? " et la brûlure d’un soufflet… En pleine rue… Elle avait onze ans, elle était grande pour son âge… Les passants, les grandes personnes, cela, ce n’était rien… Mais, au même instant, des garçons sortaient de l’école et ils avaient ri ...