Frida vint au monde à Mexico en juillet 1907, son père Wilhelm KAHLO, émigrant allemand d’origine juive hongroise, sa mère Matilde CALDERON de souche indienne, Frida fut la troisième fille de ce couple qui en eut quatre.
Enfant impétueuse, vive, autonome et solitaire, elle s’inventait une amie dans un monde imaginaire, à qui elle pouvait raconter tous ses soucis.
Au cours d’une promenade avec son père photographe, observant la nature, les couleurs, les formes, elle se prit les pieds dans une racine et tomba, le lendemain elle ne put se lever, des douleurs terribles dans la jambe droite, le médecin diagnostiqua la poliomyélite, elle fut alitée durant plusieurs mois, le pied légèrement atrophié, la jambe plus courte et plus maigre. Elle devint la risée des autres enfants, avec ses chaussures orthopédiques. Après sa maladie son père lui proposa d’apprendre la photographie, ou de peindre des aquarelles avec lui dans la campagne. A 15 ans, en 1922, elle fut reçue à l’examen d’entrée à l’Ecole préparatoire nationale, Frida devint membre du groupe anarchiste des « Cachuchas ». Diego Rivera peignait une fresque dans l’amphithéâtre de l’école, les « Cachuchas » rêvaient de faire bruler l’échafaudage, les fresques, et le peintre, Frida savonna le sol pour le faire choir, ce ne fut pas Diego qui glissa, mais un professeur. Diego exubérant, beau parleur, se laissait approcher facilement. Un soir après ses cours, elle fut prise par la curiosité de le regarder à l’oeuvre, elle s’assit dans un coin et observa les traits évoluer sur le mur, elle en oublia le temps et y resta environ trois heures. Elle fut certainement fascinée par lui, car elle déclara à ses amies qu’elle aurait un enfant de Diego Rivera. Elle tomba amoureuse d’Alejandro Gomez Arias, le plus brillant des « Cachuchas ». Le 17 septembre 1925, en compagnie d’Alejandro, ils montèrent dans un bus, ils se taquinaient tendrement, quand le train qui arrivait heurta le bus en son centre, le choc les projeta vers l’avant, Alejandro se retrouva sous le train, la main courante transperça Frida. Elle fut transportée à l’hôpital et immédiatement dirigée en salle d’opération, les médecins ne se faisaient aucune illusion, elle mourrait pendant l’intervention. Son état était trop désespéré, il fallait prévenir la famille sans tarder. Le choc frappa sa mère de mutisme, son père de chagrin tomba malade, ils ne purent se rendre à son chevet.
Sa soeur ainée fut la première à arriver, et demanda à parler au médecin. Il lui assura qu’ils avaient fait leur possible, mais vu la quantité de blessures dont elle souffrait, sa survie relèverait du miracle, et qu’il était pour sa part assez pessimiste. Elle survécut dans d’atroces douleurs à ce terrible accident, en décembre elle fut de retour à la maison bleue. Des fractures multiples la faisaient souffrir, mais son coeur aussi souffrait du silence de son fiancé depuis ce drame. Au bout de quelques mois alitée, corsetée, elle remarcha, vers la fin de l’été suivant, elle rechuta, et fut à nouveau immobilisée, sa mère fit accrocher un miroir au plafond du lit à baldaquin, Frida fut effrayée par son image, son corps traqué par le corset, son visage sérieux pour masquer la douleur, le rictus figé pour ne pas éclater en sanglots. Soudain là, sous ce miroir oppressant, l’envie impérieuse de dessiner, de se dessiner, faire son propre portrait, ce visage dans le miroir fut son seul modèle, son seul compagnon durant des mois, son père lui rapporta des tubes de peinture, de l’esquisse elle passa à la couleur, sa mère fit installer une sorte de planche à dessin suspendue par des cordes au toit du lit. C’est grâce à cette installation que Frida handicapée dans ses mouvements put travailler à son tableau. Ce premier autoportrait fut pour Alejandro, ce cadeau émut le jeune homme, le lien les rattacha à nouveau l’un à l’autre à distance. Début 1928, Frida à peu près rétablie, rechercha un emploi, elle commença à fréquenter le milieu artistique mexicain plus ou moins engagé, elle adhéra au parti communiste. Au cours d’une soirée, elle rencontra celui qui allait devenir le principal homme de sa vie, Diego Rivera, qui fit une arrivée fracassante, pistolet à la main, tirant sur le phonographe, puis s’immobilisa sous les cris d’enthousiasme des participants à la soirée, tous sous son charme. Frida savait que Diégo achevait de peindre des fresques aux murs du ministère de l’Education, elle s’y rendit avec quelques un de ses travaux sous le bras, elle le trouva perché sur un échafaudage et l’interpela « Dites donc, Diego, descendez un peu de là », il la regarda et ne bougea pas. Elle insista « allons descendez ! » Cette fois, il s’arrêta et descendit. Elle lui demanda un avis sincère et sérieux sur son travail. Il regarda attentivement et en la toisant lui dit : « continuez, vous en avez d’autres ? »
Elle lui expliqua que trop compliqué pour les transporter, lui demanda « pourriez vous venir les voir dimanche prochain », et lui donna son adresse. Il répondit qu’il n’y manquerait pas.
Il vint à la maison bleue, le dimanche suivant, ils devinrent immédiatement amis, il revint plusieurs dimanches encore.
Elle le taquinait, lui la courtisa, ils tombèrent sous le charme l’un de l’autre.
C’est cet homme dans la quarantaine, imposant, scandaleux, infidèle qui entra dans la vie de Frida tel un tourbillon haut en couleur, et plein de surprises.
Le 21 août 1929, Diego épousa officiellement Frida, cette union intriguait, soulevait des vagues de réprobations, de ragots. Peu de temps après elle fut enceinte, mais le sort en décida autrement, tout espoir de mettre au monde un enfant un jour était-il mort sur les rails du tramway ? Ils firent de nombreux séjours aux Etats Unis, à San Francisco où Diego réalisa des fresques murales, Frida fut à nouveau immobilisée avec sa jambe droite endolorie et son dos, elle se remit à peindre avec régularité. A New-York pendant une exposition de Diégo, Frida enceinte perdit à nouveau son enfant, cette perte l’anéantie, elle se peindra sur le lit d’hôpital avec un foetus mâle à ses côtés. Diego infidèle lui revenait toujours, mais elle en souffrait, de son côté elle eut également des aventures et notamment avec Trotski qu’ils abritaient. Leur couple passionnel, tumultueux traversa beaucoup d’épreuves, Frida en ayant assez qu’il ne s’intéressait plus à elle, d’un commun accord ils demandèrent le divorce fin 1939. Les ennuis de santé de Frida se multipliaient, elle souffrait physiquement et moralement car elle aimait toujours Diego, et lui ne pouvait se passer d’elle, ils se remarièrent en décembre 1940. Sa vie fut faite de nombreuses hospitalisations, de violentes souffrances, un long calvaire, qu’elle représenta dans ses toiles. Frida exposa à Paris, New-York, et juste avant sa mort à Mexico.
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