Des millions de personnes ont lu le journal d'Anne Franck - première version expurgée par son père Otto - seul rescapé de la déportation subie par cette famille juive aux camps de concentration d'Auschwitz puis de Bergen Belsen en 1944. Bergen Belsen où la mère et ses deux filles périront à la suite de malnutrition et du typhus.
Otto FRANCK de retour de cet enfer, après avoir vainement tenté de retrouver ses deux filles en vie, a créé le fonds Anne Franck en Suisse . Suite au décès d'Otto, ce fonds décidera de publier le journal intégral d'Anne Franck - ainsi que des poèmes - des nouvelles... qui confirment le talent de cette adolescente entrée dans la clandestinité à 13 ans et qui mourra à l’âge de 15 ans.
La version intégrale est donc un regard sans concession d'Anne sur les membres de sa famille - sur ses camarades d'école - sur ses proches et ceux qui partageront cette clandestinité - les noms de famille qui avaient été transformés dans la première version seront rectifiés - et on notera l'humour grinçant d'Anne qui avait donné au dentiste juif le patronyme de DUSSEL qui en Allemand veut dire "abruti", les Van DAMM retrouveront leur vrai patronyme VAN PEELS...
Anne décrit la promiscuité forcée et vécue par les deux familles et le dentiste - toute une organisation est nécessaire pour ne pas se faire repérer et cela conduit parfois à des tensions qui minent le climat... Qui aurait pu imaginer qu'en de telles circonstances (peur perpétuelle d'être découverts - inconfort ...)le côté sombre de l'âme humaine avec ses mesquineries puisse se révéler ??? Alors que l’entraide, la solidarité semblent indispensables à un bien vivre ensemble - il faut dire qu'Anne n'est pas la dernière pour semer la zizanie...
Nous sommes aux Pays Bas en 1942 - le régime nazi tourne à plein régime - et après l'invasion des Pays Bas(pays neutre) par les allemands , les nazis étendent leurs mesures anti juives petit à petit rendant la vie impossible à cette partie de la population... Le père, Otto a pris les devants en s'assurant de la coopération d'une grande partie des employés de la fabrique dont il est le directeur à Amsterdam. Il aménage des locaux peu visibles, en amenant des meubles, un stock de denrées non périssables car il est impossible alors d'émigrer dans un autre pays - la frontière est désormais fermée. Pour en revenir à ces employés, ils risquent indéniablement leur vie lorsqu'ils acceptent de cacher dans les locaux de la fabrique les deux familles juives et le dentiste et d'assurer leur ravitaillement. Agissant ainsi, ils s'insurgent contre les nazis et leurs pratiques inhumaines - ils entrent donc en résistance.
Comment occuper en silence ces longues journées dans ces locaux ? Otto avait là encore fait preuve de prévoyance- avant le départ, il avait conseillé à ses enfants d'emporter le maximum de crayons - de cahiers - de livres scolaires permettant ainsi des révisions... Toutefois, ce n'est pas la clandestinité qui a donné l'envie d'écrire à Anne, elle avait commencé son journal quelques mois auparavant - le style y est beaucoup plus enfantin et même mièvre, elle y décrit des anecdotes sans grand intérêt sur sa vie d'alors et sur ses camarades d'école. La maturité arrive au fil du journal et elle étonne chez une enfant aussi jeune.
Outre des révisions pour tenir le cap, Anne s'attelle à des nouvelles et des contes d'une grande richesse à la fois poétiques et philosophiques pour certains, tels "le rève d'Eva" et "Blurry l'explorateur" - elle tient également un livre des belles phrases ( extraits de romans - reprises de citations) qui ont provoqué chez elle une curiosité, émotion particulière - elle s'est intéressée aussi à la généalogie des familles royales européennes - à l'histoire antique (Egypte, Mésopotamie, Grèce) en découpant des images et en faisant des commentaires créant un véritable livre intitulé "livre d'Egypte" - elle a même pris des cours par correspondance de dactylographie (par le truchement d'une des secrétaires de la fabrique qui recevait les cours) - elle s'intéressait aussi aux langues. Tout ceci nous démontre un esprit très ouvert qui la déterminait à devenir plus tard journaliste ou écrivain... Un véritable appétit de vivre, de se battre et de grandir qui va être brisé en août 1944 - suite à une dénonciation où le refuge sera découvert et les familles interpellées.
A ce jour, nul ne sait qui est à l'origine de cette dénonciation...
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