Moments privilégiés autour du plaisir de lire mais aussi celui de se retrouver ensemble autour d'un café, d'un thé. Ce mardi 9 avril, les lecteurs se sont retrouvés autour du thème "Mon dernier livre offert !" dans la bibliothèque de Caille à 14h30.
Voici donc, un récit assez concis de ces livres offerts, reçus, donnés, dont certains attendaient depuis pas mal de temps d'être lus au fin fond de nos bibliothèques personnelles....
L’Auberge du Gué de Jean Siccardi aux Éditions Calmann Levy par M.G
Ce livre raconte l’histoire d’un jeune provençal. Elle commence au début du 20ème siècle dans les années 1900 et se termine quelques 30 ans après.
C’est une belle frise historique de la « Grande Guerre » et ces temps de commémoration de son centenaire, en retrouver les différents épisodes n’est pas anodin.
L’histoire peut se résumer en 3 noms : Antoine Rabuis, 13ème enfant de la famille Rabuis et en tant que tel considéré comme celui qui porte malheur et dont il est inutile de s’occuper sauf pour le maltraiter.
Antoine Rabuis devient Antoine Noël Rabuis. Il a été abandonné par son père, trop heureux de s’en débarrasser et qui préfère le confier à un couple de fermiers aisés qui n’ont pas d’enfant et qui vont peu à peu se prendre d’affection pour cet enfant délaissé.
Il deviendra alors Noël Bertrand du Saut du Loup et c’est l’évolution de cet enfant dans cette famille jusqu’à son âge adulte qui va être la première partie du livre.
La guerre éclate alors et le livre évolue ensuite vers les différentes prises de position des uns et des autres à propos de ce conflit.
Une belle épopée qui nous plonge dans un monde qu’il ne faut pas oublier, ne serait-ce que par respect envers tous ceux qui l’ont vécue.
Des interrogations aussi qu’il est intéressant de se poser car l’histoire a souvent plusieurs facettes.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire la note de lecture qui se trouve dans l’onglet « Notes de lecture » sur votre blog !
Frère d’âme de David Diop aux Éditions Seuil par N.G
Roman sur la grande guerre de 14/18, et plus spécialement sur les tirailleurs sénégalais des troupes coloniales, jetés dans l'enfer des tranchées pour sauver la mère Patrie, dans un conflit qui n'était pas le leur...
Alfa Ndiaye et son ami d'enfance Mademba Diop vivent dans une petite ville du Sénégal où ils sont élevés ensemble.
Alfa un jeune homme grand, fort, un lutteur, gagne tous les combats. Mademba, son presque frère, est chétif mais à l'inverse d’Alfa, a toujours été un bon élève.
Mademba décide de se porter volontaire pour rejoindre les tranchées et défendre la Patrie. Alfa le suit dans ce choix qui va leur permettre de sortir du village, de découvrir la France. Ils pensent ainsi revenir au village, après la guerre avec l'argent gagné pour y vivre mieux que leurs parents.
L’horreur de la guerre, les tranchées. Un matin, sur ordre du capitaine, les soldats s'élancent à l'assaut de l'ennemi allemand, parmi eux, les deux tirailleurs sénégalais, soudain Mademba Diop tombe éventré sous les yeux de Alfa, le « dedans du corps, dehors ». Pour Alfa tout bascule et il devient un soldat sanguinaire, tombe dans la folie meurtrière.
Jusqu’au jour où il est envoyé à l’arrière par son capitaine….
Pour en savoir plus, je vous invite à lire la note de lecture qui se trouve dans l’onglet « Notes de lecture » sur votre blog !
Une chanson douce de Leïla Slimani aux Éditions Folio - Prix Goncourt 2016 par N.G
Un livre glacial qui débute par une scène de crime, et s’achève par la reconstitution.
Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Il n’a pas souffert, a assuré le médecin.
La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s’est battue comme un fauve.
La mère était en état de choc, elle a hurlé en entrant dans la chambre où gisaient ses enfants.
L’autre aussi, il a fallu la sauver, elle a perdu connaissance au pied du lit à barreaux.
L’appartement de la famille Massé est au cinquième étage. Myriam a obtenu son CAPA, deux semaines avant la naissance de Mila et Paul, son mari, fait carrière dans la production musicale. Myriam ne veut de personne pour s’occuper de sa fille, elle apprécie le cocon familial. Mila n’a qu’un an et demi lorsque Myriam est à nouveau enceinte. Après la naissance d’Adam, la charge de travail que représentent ces deux jeunes enfants, lui pèse. Elle n’arrive plus à faire face et ne se complaît plus dans son foyer.
Une rencontre avec un ancien camarade de faculté lui ouvre la perspective d’exercer son métier d’avocate, pour lequel elle a fait tant de sacrifice.
Paul ne comprend pas mais il accepte. De nombreuses nounous se présentent et c’est Louise, une cinquantaine d’années, avec de sérieuses références, immédiatement à l’aise avec les enfants, qui devint une évidence, c’est la nounou idéale.
Louise est devenue rapidement indispensable, s’occupant des enfants, des repas de la famille, du linge, du ménage, et de plein d’attention envers ce couple.
Drame psychologique, récit horrible, mais captivant, passionnant, car on veut comprendre les raisons qui ont conduit au drame, comment en est-on arrivé là ?
Pour en savoir plus, je vous invite à lire la note de lecture qui se trouve dans l’onglet « Notes de lecture » sur votre blog !
Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu aux Editions par N.G
« Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l'Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l'ennui, il décide de voler un canoë et d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. »
Les deux adolescents rencontrent deux jeunes filles qui les invitent à une fête chez des bourgeois. Ils y rencontrent, l’alcool, la drogue…
Quatre étés, de 1992 à 1998, quatre tableaux, pour suivre cette bande d’adolescents issus de différents milieux sociaux. Surtout ne pas s’engluer et subir la même vie que leurs parents, ne pas vivre l’agonie des ouvriers. Partir et découvrir un autre destin que cette ancienne zone post-industrielle, vestige des hauts-fourneaux aujourd'hui éteints.
Une véritable fresque sociale et familiale décrite avec force et intensité par l’auteur.
Aucune résonance avec le vécu des provençaux, les hauts-fourneaux n’y menaient pas la danse et il peut être difficile de plonger entièrement dans l’émotion qui baigne cet ouvrage.
Les questions au cinéma de Jean-Louis Bory aux Editions Stock par D.P
Jean-Louis Bory (1919 – 1979). Il est écrivain, romancier et critique littéraire. Il vient assez tardivement à la critique cinématographique. Curieux de tout, défendant le film d'aventures comme le cinéma d'art et d'essai, il ne récuse que la censure et l'académisme. Sa grande culture, sa verve et son ouverture d'esprit lui permettent de toucher un large public, auprès duquel sa pédagogie est appréciée.
Ce livre édité en 1973 nous livre les interrogations de l’auteur sur le devenir du cinéma. Il possède de grandes connaissances en la matière et nous révèle ses aigreurs offensives.
L’ensorcelée par Jules Barbey d’Aurévilly aux Editions Classiques Garnier par D.P
L’ensorcelée est publié en 1852, au tout début du Second Empire. Dans ces années, la France traverse une époque de grands bouleversements sociaux, économiques et politiques.
Un voyageur, qui revient au pays après une longue absence, fait halte dans un cabaret « Le Taureau rouge, d’assez mauvaise mine », situé à l’orée de la lande de Lessay. Ce voyageur égaré cherche à se rendre à Coutances. Sur l’instigation de la patronne du lieu, Maître Tainnebouy qui possède des herbages, et se rend à une foire, accepte de lui servir de guide. Ils traversent à cheval la « terrible lande de Lessay », une partie de la presqu’île du Cotentin, « stérile et nue », « propice à la mélancolie », et « qui ombre le paysage d’une estompe noire ». Ce coin qui recèle tant de mystères.
Au loin, dans le silence du soir qui tombe, résonne un son de cloche qui intrigue le voyageur. C’est lorsqu’il demande à son guide de lui donner des explications que celui-ci lui apprend qu’elle annonce la messe des morts et qu’un nom est prononcé, celui de Jéhoël de la Croix-Jugant, abbé mort il y a longtemps mais dont le souvenir hante toujours le lieu. Ce nom va servir de déclencheur à toute l’intrigue dont maître Tainnebouy va devenir le principal narrateur.
Une affaire abracadabrante qui relève de la littérature baroque et rejoint la tradition des textes régionaux. Barbey d’Aurévilly se fait le spécialiste des écrits fantastiques.
Voici un lien pour écouter l’excellente émission de France Culture « La compagnie des auteurs » qui a été diffusée cette semaine à propos de Jules Barbey d’Aurévilly : https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/jules-barbey-daurevilly-24-lorigine-du-roman-selon-barbey-daurevilly
Le Moine, roman de M.G. Lewis raconté par Antonin Artaud, aux Editions Gallimard par D.P
Antonin Artaud (1896 – 1948) a écrit ce livre à 21 ans. Le moine d'Artaud est profondément troublant. Déroutant.
Histoire d’un moine qui va aller vers des penchants érotiques sublimés. Il est confronté au désir et à la culpabilité. Je l'ai lu il y a environ treize ans. Étrangement, les deux récits se sont en quelque sorte imposés et entremêlés, superposés. Peu à peu, le moine d'Artaud a pris le dessus. Il s'est mis à exister tout seul. Comme s'il n'était plus la réécriture d'un autre, comme s'il s'agissait d'une histoire inédite et radicalement haletante. L'histoire tient totalement en haleine. Projeté dans un monde fantastique et très réel à la fois, au cœur des sentiments et des désirs les plus étranges, le lecteur est troublé, émerveillé, décontenancé et apeuré... Artaud habite ses personnages qu'il habille et déshabille... L'atmosphère est mystérieuse...
Un chef d'œuvre de la littérature...
Histoire de ma vie de Giacomo Casanova aux Editions Le Livre de Poche par D.P
Les Mémoires de J. Casanova de Seingalt, écrits par lui-même, sont l'ancienne édition des Mémoires de l'aventurier vénitien Giacomo Casanova. Écrits en français entre 1789 et 1798, ils sont publiés à titre posthume autour de 1825 en version censurée. En 1834, l'ouvrage est mis à l'Index des livres interdits avec toutes les œuvres de Casanova. Une nouvelle édition, conforme au manuscrit original, l'a finalement remplacée sous son titre original Histoire de ma vie (1960-1962). Giacomo Casanova, né le 2 avril 1725 à Venise et mort le 4 juin 1798 à Dux, fut tour à tour violoniste, écrivain, magicien (dans l'unique but d'escroquer Madame d'Urfé), espion, diplomate, bibliothécaire mais revendiquant toujours sa qualité de « Vénitien ». Il utilisa de nombreux pseudonymes, le plus fréquent étant le chevalier de Seingalt ; il publia en français sous le nom de « Jacques Casanova de Seingalt ».
Comment tout peut s’effondrer de Pablo Cervigne et Raphaël Stevens aux Editions Seuil par M.T
Dans ce livre, Pablo Servigne et Raphaël Stevens décortiquent les ressorts d’un possible effondrement et proposent un tour d’horizon domaine par domaine des limites atteintes. Le monde étant interconnecté, l’effondrement d’un domaine en entrainera forcément un autre et ainsi de suite. Aujourd’hui, est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant.
Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Spécialiste des questions d’effondrement, de transition, d’agroécologie et des mécanismes de l’entraide, il est l’auteur de Nourrir l’Europe en temps de crise (Nature & Progrès, 2014).
Lors des conférences, Pablo Servigne a vu son public atterré par ces informations. Il a donc écrit un autre livre :
Une autre fin du monde est possible - Vivre l'effondrement (et pas seulement y survivre) de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle aux Editions Seuil par M.T
Les auteurs montrent ici qu’un changement de cap est possible. Ils ouvrent des pistes et de nouveaux horizons qui passent nécessairement par un cheminement intérieur et par une remise en question radicale de notre vision du monde. Place à la coopération et l’entraide, au remplacement du « je » par « nous », au travail personnel de recherche intérieur, au lien avec la nature. Comment s’organiser pour vivre en étant plus en accord avec la Terre ?
Les coauteurs : Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle sont devenus chercheurs in-Terre-dépendants. Ils ont publié Comment tout peut s’effondrer. Petit Manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Seuil, 2015), Le Vivant comme modèle. La voie du biomimétisme (Albin Michel, 2015), Petit traité de résilience locale (ECLM, 2015), Nourrir l’Europe en temps de crise (Babel, 2017) ou encore L’Entraide. L’autre loi de la jungle (Les liens qui libèrent, 2017).
Politique de la beauté de Jean-Pierre Siméon aux Editions Cheyne
Jean-Pierre Siméon est l’auteur d’une vingtaine de recueils de poèmes mais également de romans, de livres pour la jeunesse et de pièces de théâtre pour lesquels il a obtenu de nombreux prix. Directeur artistique du Printemps des Poètes durant plus de dix ans, il succède à André Velter à la direction de la collection Poésie/Gallimard en janvier 2018.
La beauté exauce le réel, dit-il. Ce recueil de poèmes réclame un comportement à la fois collectif et individuel sur le rapport au monde, et à sa beauté, à la nature de laquelle, on s’est coupés. Ces vers nous renvoient fortement aux livres de Pablo Servigne et à sa réflexion du monde… Pour Jean-Pierre Siméon, la poésie peut tout dire des sentiments les plus forts et des questionnement sur la vie, la mort, le temps.
Voici un lien pour écouter l’émission de France Culture dédié à ce poète : https://www.franceculture.fr/emissions/jacques-bonnaffe-lit-la-poesie/jp-simeon-maitre-des-poesies-24-une-politique-de-la-beaute
Le rêve de ma mère d’Anny Duperey aux Editions Thélème par B.R
Lorsqu'on évoque le nom de l'auteur, on pense tout d'abord à la comédienne (héroïne principale de la série télévisée "Une famille Formidable") - mais elle a d'autres cordes à son arc, elle écrit et à ses moments perdus, verse dans la peinture avec bonheur.
Dans ce roman autobiographique, elle se livre avec pudeur et émotion. Une enfance heureuse avec des parents adorables très épris l'un de l'autre jusqu'à ce que le drame survienne alors qu'elle n'a que 8 ans et que tout bascule. Elle découvre un matin leurs corps sans vie, intoxiqués par du monoxyde de carbone - vision tellement horrible qu'elle mettra à distance cet évènement et ses parents à l'aide de ce qu'elle appelle "le voile noir". Il y a un avant et un après. Elle se refuse à évoquer leur nom - à aller au cimetière - elle occulte complètement cette période. Elle garde son chagrin et sa douleur pour elle… Une douleur tellement vive qu'elle se sent abandonnée et veut aussi quitter ce monde : elle se mettra en danger en se faisant renverser par un bus, mais sans conséquences ...
Pour en savoir plus, je vous invite à lire la note de lecture qui se trouve dans l’onglet « Notes de lecture » sur votre blog !
Et le souffle devient signe – Portrait d’une âme à l’encre de Chine de François Cheng de l’Académie française aux Editions L’iconoclaste par P.L
La première partie est un portrait autobiographique tout en pudeur de l’auteur. Délicatesse de la pensée. Le fil rouge de sa vie est la magie du trait, la calligraphie. Le texte glisse imperceptiblement vers la philosophie taoïste, les premiers penseurs, l’idée du Souffle. L’écriture chinoise composée d’idéogrammes capte le rapport secret entre les choses et la calligraphie invite au partage de la saveur de l’instant.
La deuxième partie est composée d’œuvres de François Cheng, calligraphies dont il se sert pour rentrer dans l’intime d’une pensée, d’une intuition, d’un moment de sa vie.
Un reportage France 3 sur cet ouvrage ici : https://www.ina.fr/video/1842847001