Cette note de lecture est rédigée par Béasihono.
Au début du XIIème siècle, l'historien Guillaume de Malmesbury, attestait qu'un jongleur, Taillefer, entonna la "cantilena rolandi" lors de la bataille de Hastings en 1066, pour galvaniser les troupes normandes qui combattaient aux côtés de Guillaume le Conquérant.
Il s'agit de la première mention connue de la Chanson de Roland, presque 3 siècles après les faits.
Est-ce en passant le col de Roncevaux que les pèlerins, jongleurs en route vers St Jacques de Compostelle, ont gardé le souvenir du sacrifice de Roland ?
Comme tous les poèmes épiques, cette chanson a été composée et transmise oralement avant d'être fixée par écrit. Son auteur est à ce jour encore inconnu.
Elle constitue un texte mouvant comprenant de nombreuses variantes - on recense 7 manuscrits conservés - 7 versions connues dont la plus ancienne consignée vers 1090. Elle fut populaire dans toute l'Europe et l'on en connait des traductions allemandes (XIIème siècle) norvégiennes (XII ème siècle) et italiennes.
Ce poème comporte 4000 vers en Ancien Français répartis en laisses présentant des assonances. Les images sont saisissantes de violence et très sanguinaires. Il est inspiré par des faits historiques : en 778 l'arrière garde de Charlemagne est taillée en pièces par des montagnards basques ; un certain Roland y trouve la mort. Cependant l'auteur l'a modifié en l'embellissant puisque le poème relate le combat fatal du Chevalier Roland, marquis des marches de Bretagne et de ses fidèles preux à la bataille de Roncevaux menée contre les Maures qui occupaient alors une grande partie de l'Espagne. On assiste au glissement de l'histoire vers la légende et la célébration de la chevalerie, de l'honneur féodal et de la foi.
Le héros incarne deux principes : la vénération de son Dieu et l’obéissance à son suzerain, et n’a au fond qu’un seul mérite : celui d’être le meilleur dans la bataille.