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MESSAGE DES ANGES JASPIN ET JASMIN (Poste de Thorenc)
A L’ANGE ZED (Poste de Caille)
Cher Zed,
Tes amis et collègues, complètement désemparés, t’appellent à l’aide !
Nous ne sommes pas encore remis de nos émotions et nous avons très peur que la hiérarchie nous tombe dessus comme elle l’a fait pour toi. Personne chez nous, crois-le bien, n’a approuvé la mesure disciplinaire qui t’a été infligée. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons reçu notre feuille de route pour rendre compte de la réunion du club de lecture, ce jour. On se doutait que c’était un traquenard mais qui aurait pensé à un pareil cauchemar ? On va t’expliquer avant de te poser notre question.
Ce qui s’est passé aujourd’hui à st Auban est parfaitement incompréhensible :
Déjà, pour une dernière réunion informelle, il y avait beaucoup trop de monde. La porte était ouverte en dépit d’un petit vent coulis, et les gens n’ont cessé d’entrer et de sortir, interrompant sans vergogne les exposés : on a vu des filles souriantes mais aussi un homme patibulaire avec sa barbe flottant au courant d’air. Les motifs étaient parfaitement saugrenus et absolument non culturels : l’une réclamait un balai, l’autre une échelle, le dernier était à la recherche d’une certaine coustique qui manquait à l’appel.
L’atmosphère était frénétique.
B., habituellement si pondérée et efficace, faisait le toton, rédigeant des fiches, compulsant des dossiers, tapant sur le clavier de son ordinateur poussif et assurant en plus le service de table, au point d’en négliger la tenue de la réunion. L’état de N., très agitée elle aussi, nous a alarmés au début car elle s’est plainte d’avoir des raisins secs coincés dans la gorge. Jasmin avait déjà sorti ses huiles essentielles mais comme elle continuait à parler et n’arrêtait pas de bondir de sa chaise pour disparaître dans la rue, nous avons pensé que sa suffocation était peut-être habituelle, en tout cas non mortelle. Pendant une de ses rares présences, elle s’affairait autour d’une sorte d’alambic qui grommelait au ras du sol. Elle versait sans arrêt aux participants une décoction à l’odeur agréable mais que nous suspectons d’avoir encore ajouté à la fébrilité de l’assistance. A un autre moment, F. s’est effondrée sur la table en se tenant la tête et en gémissant qu’elle avait un trou. Pensant qu’il agissait d’un problème de voilure, l’Ange Jasmin s’est précipité avec une rustine pour effectuer la réparation mais là encore, sans explication, la présumée accidentée s’est redressée et a repris le fil de son discours, s’il en avait un, ce qui n’est pas sûr.
En effet, ce qui nous a totalement déconcertés c’est que les interventions jaillissaient à droite et à gauche ; elles s’entrecroisaient comme des fusées. Plus question de temps de parole ni de rédaction du PV, tant l’attention de tous était magnétisée par cette incroyable partie de squash. Chacun y allait de son couplet, sans logique apparente, comme si chacun devait parler mais sans que le metteur en scène ait jamais son mot à dire. Comment expliquer l’irruption dans la salle de G. clamant « Des moutons ! des moutons ! » tout en brandissant belliqueusement une tablette de chocolat, au moment où un des intervenants exposait la trame d’une histoire de sérail ? Comment expliquer qu’au beau milieu, sans crier gare, A. et F. se soient affrontés en une passe d’armes éclair sur l’existence et les critères d’une grande littérature ? Comment expliquer qu’à l’occasion de la présentation de drames privés se passant en Bretagne et en Arabie, un importun débat sur la condition féminine ait explosé autour de la table, les différentes opinions se bousculant et passant de mains en mains comme si elles les brûlaient ? Ces échanges étaient si rapides et spontanés que nous avons perdu pied, si tant est que nous l’avions encore car il faut bien dire que les conflits perpétuels entre femelles et mâles de cette délirante espèce dépassent nos facultés de compréhension et d’interprétation.
Le plus ahurissant est que tout le monde avait l’air ravi, et qu’au moment de se séparer, au lieu de fuir à toutes jambes, personne ne se décidait à partir…
Par des affiches multicolores qui ont attiré notre attention, nous avons appris qu’une troupe théâtrale bien connue allait présenter dans le village une « commedia dell’arte », qui est, semble- t’il, un type d’art où les acteurs improvisent sur scène.
C’est alors que le Ciel s’est effondré sous nos ailes !
Cela veut dire que nous avons complètement failli à notre mission !
On est bons pour se faire dézinguer au retour !
Que dire ? que taire ?
Que devons–nous faire ? Rédiger un rapport ? Présenter notre démission à Mme la Générale ?
Comment vis-tu ta mise à l’index ? c’est vraiment très dur ? serons-nous ensemble ?
Réponds-nous vite, quelle angoisse !
Thorenc, le 11 août 2017 à 19h, date et heure locales
Signé : Anges enquêteurs JASPIN ET JASMIN,
(Tampon du poste de Thorenc)
Bravo MES pour ton entregent à décrire cette réunion du club de lecture avec des clins d'oeils suprenants et qui s'entrechoquent impulsant un rythme frénétique ;; Eh bien on ne risque pas de s'ennuyer à cette lecture - j'ai vraiment aimé ton sens de la narration et ta capacité à braquer le projecteur sur un détail qui frise le burlesque.... moi je me sens comme le bon petit soldat qui essaye de restituer une séance qui s'avère fade par rapport à ta narration... enfin on va dire que les 2 se complètent!!!! comme quoi les visions d'un même évènement peuvent être très différentes
Meuh non ! meuh non ! Béa ! un PV est un PV : il doit restituer ce qui a été dit et renseigner les absents. Rien à voir avec une affabulation douce-dingue écrite uniquement pour faire rire ou sourire les visiteurs du blog ! finalités différentes ! d’ailleurs tu as bien vu les commentaires élogieux sous ton PV ! On a besoin de bons petits soldats ! bien plus peut-être que de doux-dingues... C’est pourquoi je tiens à te remercier de tes compliments qui m’ont fait plaisir. Ca me change agréablement des claques que je me ramasse plus souvent qu’à mon tour ! AH ! AH !
Vraiment, Oui ! plein, plein de mercis à Virginie qui s'est enquiquinée à rétablir la typo originale de la lettre de nos deux égarés et qui a dû y passer une bonne moitié de son week-end ! Heureusement qu'il y a de bons petits soldats dans la troupe, n'est ce pas Béa ?