Source image : Pinterest
Roman, essai, mémoires, récit de voyage ? Microcosmes c’est un peu tout cela.
Au début, on est à Trieste, au « caffé San Marco » qui est pour Magris une « arche de Noé ». Le narrateur s’installe à une table avec papier et stylo et reparcourt sur le papier la vie du protagoniste. Tout au long du livre, il va utiliser la 3ème personne pour parler du personnage (qui n’en est pas vraiment un), désigné par un pronom, nom propre (le fils, le neveu…)
Et il écrit un texte entre narration et méditation. Son récit est comme un vagabondage dans différents lieux de mémoire où l’auteur et ses proches ont séjourné. Trieste, la Valcellina, la lagune de Grado, Turin, ses collines …
Puis retour à Trieste avec son jardin public et sa cathédrale. Le déplacement s’effectue dans l’espace, mais dans le temps aussi (épisodes de guerres -14/18, 39/45, Antiquité…). C’est l’occasion de rencontrer une foule de personnages obscurs ou célèbres : on croise Pasolini et Médée, Jason, on lit la Bible, le livre de Job etc. On a même des histoires de chasse à l’ours.
Les thèmes de l’irréversibilité du temps, de l’angoisse de la mort traversent le roman. Ils sont contrecarrés par ce voyage dans la mémoire qu’empruntent des chemins déjà parcourus et des lieux de vie.
Bonjour. Voyage autour d’une table de café, après le Voyage autour de ma chambre… Des souvenirs qui tissent un présent. Mais pour faire défiler sa mémoire, il faut d’abord la remplir. Il faut avoir frotté sa vie à celle des autres et à d’autres lieux. Il est là, à mes yeux, le mythe du vagabondage. Il prend là son sens et sa finalité. J’aurais plutôt choisi pour l’aborder « L’infinito viaggiare » paru en 2005, traduit en français en 2006 sous le titre « Trois orients. Récits de voyage » ou même « Danube », son œuvre la plus connue, parue en 1986, qui prend le grand Fleuve comme fil conducteur. Mais « Microcosmes » permet de faire la connaissance de ce grand auteur humaniste. Merci donc d’en avoir parlé.