Un journaleux anonyme qui travaille, enfin qui « pond » un peu ce qu’il veut, dans un journal fictif – « Bladet », ou « La dépêche de Copenhague » selon les traducteurs qui ne se sont pas épuisé la cervelle -, promène sa nostalgie et ses problèmes de cœur dans les quartiers les plus miteux et les plus « chauds » de la ville. Aux côtés d’un officier de police compréhensif, le commissaire Ehlers, il va retrouver, au hasard d’une enquête molle sur un meurtre improbable, ses souvenirs de jeunesse, ses amis d’autrefois, la musique qui les lie… Autant que la musique, ce terne héros aime passionnément sa ville qu’il regarde avec romantisme et cynisme à la fois. L’atmosphère des années 1980 est prenante, d’une douceur amère qui s’insinue et retient.
C’est autobiographique, poétique, nourri d’un humour triste et d’une petite philosophie au jour le jour, pour s’aider à vivre « la vie de tous les jours ». On sent l’influence de Raymond Chandler et de la « Beat generation » américaine, de Ginsberg, Kerouac et Burroughs : jazz, métropole, drogue et zen.
Il est certain que ce n’est pas la patte puissante et tourmentée d’Arnaldur Indridason. On ne cherchera pas chez ce nouveau type d’enquêteur que Dan Turèll a introduit dans la littérature policière danoise, l’équivalent de l’Erlandur dépecé par le Destin comme un héros antique, que nous avait offert le romancier islandais. Mais même sans la canicule, vous ne regretterez pas ce curieux voyage à Copenhague.
Les éditions de l’Aube nous diffusent au compte-goutte la série policière (deux titres seulement parus sur les treize qu’elle comporte) de cet auteur exceptionnellement prolifique, accumulant poésie et prose au cours de sa très courte vie (il est mort à 47 ans en 1993). Il est une gloire nationale au Danemark et on ne sait quasiment rien de lui en France. A quand la traduction et la publication de l’intégralité des œuvres en prose et des poèmes d’ « Onkel Danny » chez nous ?
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