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- Au mois d'août à Saint-Auban, vu par Béasihono

- Au mois d'août à Saint-Auban, vu par Béasihono

septembre 04/Virginie/

Source image : Pinterest

Nous étions 8 ce jour-là, Armel, Marie-Jo, Jeanine,  Liliane, Françoise, Nicole, Geneviève et moi-même.

J'ai ouvert le ban en parlant de La femme en vert d'Arnaldur Indridason (l'auteur islandais cher au cœur de Françoise) qui m'a rappelé qu'il aurait fallu commencer par "la cité des jarres" et donc lire  la bibliographie chronologique  qu'elle a déposée sur le blog... il est vrai que j'avais oublié ce point (mea culpa) mais de toutes façons ce livre m'est "tombé" entre les mains par hasard et le titre m'avait intriguée, donc !!!!       J’ai joint le résumé  et ensuite j'ai parlé de 1000 jours à Venise de Marlena de Blasi en mettant l'accent sur la différence de  style et d'histoire, car on passe d'un univers plutôt sombre,  avec une enquête policière dont la structure rappelle des plans de cinéma à la joie de vivre et à l'humour qui se déroule comme son titre l'indique dans la lumineuse et pétulante "Sérénissime" ce qui change des bas fonds de Reykjavik. Il faut dire que j'adore "butiner" et ne me cantonne pas à un auteur ou un genre. Là encore, j'ai joint le résumé.

Nicole prend la suite en nous présentant La favorite du Sultan de Jane Johnsonn. Il s'agit d'une histoire de harem qui se déroule à Meknès au Maroc aux XVIème et XVIIème siècles. Nicole précise qu'adorant l'histoire, elle est toujours sensible lorsqu'un roman fait référence à des faits historiques ou à des us et coutumes qui en ces lieux et à cette époque étaient barbares et sanguinaires. Une jeune femme hollandaise, prototype de la blonde aux yeux bleus et à la peau très blanche, est capturée par les barbaresques alors qu'elle est sur un bateau en Méditerranée. La captive est offerte au sultan qui lui demande de se convertir à l'islam, condition sine qua non pour l'épouser. Elle refuse car elle ne veut pas renier sa propre religion mais sur les conseils insistants d'un eunuque elle finit par accepter pour sauver sa vie. L'auteur dépeint le harem et ses intrigues. 
Ce roman va être le départ de nombreux échanges sur les expériences vécues par Françoise et Jeanine. La première alors qu'elle se trouvait en Inde avec son mari a fait l'objet d'une proposition d'achat de la part d'un Indien et cela l'avait énormément choquée d'être ainsi rabaissée au rang de marchandise. La seconde a raconté, quant à elle, avoir vécu une expérience similaire alors qu'elle se trouvait aussi avec son mari en Tunisie. L'individu a réitéré à plusieurs reprises sa proposition. Ce qui l'avait choquée était que cela se passait en public et que l'assistance prenait cela comme un divertissement gratuit, ne prenant pas la mesure du malaise engendré par cette situation impensable en Europe.
Armel quant à lui pense que ces hommes issus d'une culture différente de la notre trouvaient normal de faire leur proposition au mari directement, car dans leur mentalité une femme mariée a plus de valeur qu'une femme célibataire.
Françoise reprend la parole en disant qu'en Afrique la polygamie est monnaie courante mais qu'il est nécessaire d'avoir un niveau de vie conséquent pour assumer l'entretien des femmes et de leur enfants.  Lorsque je soulève le fait qu'il doit y avoir de la jalousie entre ces femmes et peut-être même des coups bas elle indique qu'à sa connaissance elles s'entendaient plutôt bien et que même un décompte des "visites" du mari était tenu afin que l'égalité entre les épouses soit respectée...
La conversation dérive un moment sur les Amish et les Mormons qui ont été polygames en leur temps,  échange entre Marie-Jo et Nicole principalement.

Marie-Jo nous présente à son tour Les ombres de Kervadec d'Eric le Nabour, écrivain orientaliste principalement, mais qui par ce titre nous présente un sujet qui se déroule en Bretagne avant la guerre de 14/18. L'héroïne est embauchée chez une comtesse en pleine dépression. Grâce à la présence de cette chambrière elle se sent beaucoup mieux et la prend en amitié. En arrière plan rode une malédiction qui plane sur le château et par contre coup sur ses habitants. Il est fait référence aux croyances ancestrales encore bien enracinées en Bretagne.

Armel pose une question à l'assistance :  "Qu'est ce qui différencie une grande œuvre littéraire d'une petite œuvre littéraire "? Selon Françoise une grande œuvre littéraire se distingue par une recherche créatrice dans la construction du roman et de l'impact produit sur le lecteur. Marie-Jo parle alors d'une série télévisée diffusée il y a 2 ou 3 ans qui se passait en Islande, très noire, oppressante, dont elle a le souvenir toujours présent même si le nom lui échappe.

Françoise prend la parole en parlant d'un "roman de gare" de Lois Bujold intitulé L'alliance après nous avoir demandé si nous avions lu son résumé sur le blog où elle a donc évoqué  ce roman qui lui parait saupoudré de science fiction. Se référer donc au résumé déjà paru.

Jeanine nous présente le dernier roman qu'elle a lu intitulé Emprise de Valérie Gans.  Une styliste free-lance, célibataire endurcie, rencontre un beau gosse charmeur. Elle qui ne voulait pas d'un homme chez elle le voit s'installer au bout de quelques semaines et, pourtant farouchement opposée au mariage, au bout de quelques mois, la voilà mariée. Plus encore, elle lâche tout, sa vie, ses amies, sa famille, son chat qu'elle adore et son métier pour le suivre  en Arabie Saoudite, où il devrait avoir une promotion. Arrivée à Riyad, elle est à la fois séduite par l'Orient et déroutée par toutes les contraintes imposées aux femmes. Elle doit sortir entièrement voilée, ne peut pas conduire, ni se déplacer à vélo, ni s'arrêter au bar pour prendre un café car l'endroit est interdit aux femmes. Commence alors pour elle une longue descente aux enfers. Forcée de se  soumettre à ces nouvelles règles, elle va peu à peu perdre sa combativité et son identité. De son côté, frustré par un métier qui ne tient pas ses promesses et qui le met une fois encore face à ses échecs, lui devient de plus en plus méprisant et violent. Elle arrivera à prendre la fuite grâce à la complicité d'une amie saoudienne aussi croyante que résignée. Une histoire d'amour, de soumission, de résilience, et d'amitié, dans un monde qui n'aime pas assez les femmes et s'évertue à les dévaloriser. 

A la suite de ce roman un échange a lieu sur l'Iran qui semble s'ouvrir à plus de tolérance quant à la tenue vestimentaire des femmes et les plages en Algérie où des jeunes femmes se mettent en maillot de bain mais en groupe, indice d'un début de  révolte contre l'asservissement fait aux femmes dans ces pays musulmans.

Armel souligne  qu'en Europe en des temps qui ne sont pas si lointains les femmes portaient des jupes longues et que faire voir une cheville était considéré comme un outrage aux bonnes mœurs. Nicole indique que lorsqu'elles rentraient dans les églises elles couvraient leur tête et leurs épaules... le temps n'est pas si éloigné d'ailleurs où la speakerine Noëlle Noblecourt a été "virée" par le Directeur d'une chaine de Télévision pour avoir osé montrer ses genoux. Françoise se souvient qu'en 1987, alors qu'elle portait un tailleur pantalon, le président du Conseil Régional lui avait ordonné de le troquer contre une robe si elle voulait siéger. Et voici que Marie-Jo rappelle que récemment Cécile Duflot a fait l'objet d'un comportement désobligeant de la part de ses collègues masculins à l'Assemblée Nationale parce qu'elle portait une robe à motifs...

Liliane présente La Mort de Napoléon de Simon Leys, un  auteur belge.
Voici la fin de Napoléon revue par cet auteur. Contrairement à ce que l'histoire nous a fait croire, Napoléon n'est pas mort à Ste Hélène. Il s'agit en fait de son sosie. Il a ainsi pu s'évader et regagner l'Europe. C'est donc son itinéraire sur ses dernières années que nous allons suivre, pleines d'aventures et de rebondissements. Bien entendu il essaye de reconquérir son trône, mais va finir par s'embourgeoiser.

Armel à son tour prend la parole pour nous présenter Farenheit 451 de Ray Bradbury, écrit en 1962 et qui préfigure notre époque contemporaine. L'auteur dépeint une société où a été mis en place une brigade anti livres. Sa mission est de les découvrir et les détruire car ils sont réputés dangereux. D'autres interdictions frappent les habitants, notamment les réunions sont proscrites à plusieurs. En outre il y a une énorme emprise des images et des médias. Il s'agit d'une vision qui rejoint notre monde actuel. Pourtant il va y avoir un grain de sable dans cette machine bien huilée et l'un des personnages devient un ferment révolutionnaire. Tout n'est donc pas perdu.
Françoise rebondit avec le roman 1984 de G. Orwell où, de façon similaire, il y a l'idée d'enfermer les gens et de leur cacher la réalité. Ainsi il suffit d'ouvrir la radio ou la télévision pour en avoir la preuve. Il y a quelques jours, le cabinet du Président des Etats Unis a déclaré haut et fort "qu'il était normal que le gouvernement américain travestisse la vérité ou les faits". Donc on peut se poser la question sur la fiabilité des informations diffusées par les médias et s'il n'y a pas quelqu'un qui tire les ficelles en amont...
Armel évoque un autre roman d'Ira Levin Un bonheur insoutenable qui nous plonge dans une société uniformisée  où la pensée est unique. Toutefois il va y avoir une fissure et la rébellion va s'installer grâce à un personnage qui sort de la masse. Une fois encore tout n'est pas perdu.

Geneviève nous parle de Trafic Afrique qu'elle n'a pas terminé par Jean Pierre Dirick, un auteur de BD. Voici  la trame du roman : En 1977, deux compères ont l'idée de racheter une 404 en France et de la convoyer à travers le Sahara pour la revendre à Bamako avec un bénéfice substantiel. Il s'agit d'un voyage initiatique en fait. Partis pour profiter des Africains ils reviendront en Europe riches d'expériences diverses qui vont changer leur vision sur bien des choses. C'est un roman d'aventures drôle avec des dialogues justes et percutants dans une langue de tous les jours.

Avant de clore cette réunion, Françoise évoque le film Ceux qui murmurent * avec Nicolas Cage dans le rôle principal, qui met en scène un machisme très insidieux. Elle a retenu en particulier un conseil du père à son fils : "Tu protègeras bien ta petite copine" qui révèle tout le côté formatage de la société organisée entre les faibles femmes d'un côté et les hommes forts de l'autre.

* en ce qui concerne ce film j'ai fait des recherches sur internet et n'ai pas retrouvé ce titre dans la filmographie de N. Cage - à moins que ce ne soit un autre titre de film - film de guerre intitulé "windtalkers"???? Où il joue...possible mais pas certain.



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Commentaires/ 11

  • Portrait de F.L.
    F.L. (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Merci Béasihono, pour ce gros boulot : rien ne t’a échappé ! Le film avec Nicolas Cage s’appelle Predictions, d’Alex Proyas, sorti en 2009. Il me semble qu’on en a parlé non à la fin de la réunion mais pendant l’échange sur le formatage que les sociétés imposent, aux hommes comme aux femmes. Enfin, peu importe. Quant à la communication du cabinet américain, ce n’est pas exactement ce qu’a dit le responsable (donc pas de guillemets !). Il a parlé du « droit » du gouvernement de produire ce qu’il a appelé des « alternative facts ». La précision est intéressante car cette phrase recoupe exactement le travail que fait Winston Smith, héros du roman « 1984 », au « Minver »…

  • Portrait de Virginie
    Virginie
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Merci FL pour ces précisions précieuses ! Et encore bravo à Béatrice qui a su prendre autant de notes tout en animant la réunion ! Je suis incapable d'en faire autant !

  • Portrait de Pierre
    Pierre (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    FL, merci pour la « précision précieuse » mais on aimerait bien rigoler aussi ! si tu nous expliquais ce que ça veut dire pour toi « alternative facts », ce serait pas mal ! et pourquoi ce n’est pas travestir la réalité et les faits, comme l’a écrit Béa ?

  • Portrait de Virginie
    Virginie
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Ah oui Pierre, excellente idée ! Merci FL d'éclairer nos lanternes ...

  • Portrait de F.L.
    F.L. (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Désolée de t'ennuyer avec ça, Virginie, mais j'avais soigneusement souligné des passages dans ma réponse à Pierre et il ne reste rien ?

  • Portrait de Virginie
    Virginie
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Niet, Nada, Waterloo morne plaine .... il y a un logiciel qui doit effacer tout ce qui dépasse :-) Et : tu ne m'ennuies pas !

  • Portrait de F.L.
    F.L. (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    HO ! Pierre, arrête de jouer les victimes ! Quand tu es arrivé sur ce blog, on venait d’avoir à ce sujet une -amicale- prise de bec avec Violette. Tu sais aussi bien que moi que le mot anglais « alternative » n’a pas d’équivalent en français. Ce que je propose (j’admets la contradiction ! je dirais même que je la souhaite !), c’est ceci : le mot à mot ne donnant rien, il faut voir le sens. Fournir au public des « alternative facts », ce n’est pas un choix qu’on lui donne entre différentes versions d’un fait. Ce n’est pas non plus le transformer, le « travestir », le réduire ou l’amplifier pour le rendre acceptable. C’est à proprement parler donner au public un fait ou un ensemble cohérent de faits qui peut être aussi probable que l’autre. Qui aurait autant de chances que lui d’être la réalité. Un peu le thème du livre analysé par Liliane. Napoléon est mort à Ste Hélène et l’aventure s’arrête là : fait brut et premier. Napoléon n’est pas mort à Ste Hélène et l’aventure continue : « alternative fact ». La proposition « Napoléon n’est pas mort etc » est un ensemble cohérent (peut-être un peu risqué mais c’est une autre question) qui est aussi probable que l’autre. C’est une technique devenue courante dans les Etats totalitaires. On ne nie pas la réalité, on en invente une autre. Dans « 1984 » -et c’est pour ça que ce bouquin est affolant-, on modifie jusqu’aux archives pour faire la manipulation. C’est le travail de W. Smith, entre autres.

  • Portrait de Papaye
    Papaye (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    J’appuie ta position, FL. Comme tu l’as très justement écrit en mars dernier dans ton article sur « 1984 », la « philosophie » de ce roman est qu’un fait « n'existe (dans le sens qu'il n'a de conséquences) que s’il est dans la mémoire de l’homme ». Et cette mémoire peut être égarée. Egarée dans tous les sens du terme : on peut la tromper, on peut aussi la perdre. Que restera-t-il de l’Homme si les hommes ne se souviennent plus ? Voyez en Mésopotamie, Sumer, civilisation ô combien brillante du IIIè millénaire avant notre ère ! Enfouie, disparue, évanouie, une très vague légende, plus de trace, à part une mention controversée dans la Bible de la mythique patrie d’origine du patriarche Abram !…Il a fallu attendre vingt siècles de notre ère (1934) et la prodigieuse obstination de Leonard Wooley, archéologue britannique, pour la remettre dans la mémoire des hommes… et encore y a-t-il des pans entiers de cette société si structurée, si complexe, si raffinée, qui nous restent inconnus ou incompréhensibles… On se souvient des incendies des bibliothèques antiques et plus récemment des autodafés (nazis et autres), destructions massives de manuscrits et livres, porteurs de mémoire… Aujourd’hui, en ces temps qui sont les nôtres où tout est informatisé, rien n’est plus facile que de nous faire prendre -au sens propre- des vessies pour des lanternes. Ce n’est pas être « complotiste » que de dénoncer cette dangereuse possibilité et d’attirer l’attention des citoyens du monde sur son abomination.

  • Portrait de F.L.
    F.L. (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Je ne voulais pas surenchérir mais ça me chatouille trop !! Vous souvenez-vous de cette rêverie triste du zartog Sofr-Aï-Sr (dans « l’Eternel Adam » de Jules Verne) : Peut-on admettre « que l’homme (...) soit parvenu à une civilisation comparable sinon supérieure à celle dont nous jouissons présentement, et que ses connaissances, ses acquisitions aient disparu sans laisser la moindre trace, au point de contraindre ses descendants à recommencer l’œuvre par la base, comme s’ils étaient les pionniers d’un monde inhabité avant eux ? ». La conscience et la mémoire sont les deux piliers de l’Humanité. Sans elles, nous ne serions que de grands primates comme les autres. Toute atteinte à l’une d’elles est un crime contre l’Humanité.

  • Portrait de AUBERT
    AUBERT (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Hé bé en voilà beaucoup de mots autour de ceux qui ont été dits, il faut beaucoup de temps pour lire tout ça ! c'est difficile pour un retraité actif comme moi (lol)

  • Portrait de MES
    MES (non vérifié)
    sep 04, 2017, 14:06-répondre

    Sympa d'encourager tous ceux et celles qui se cassent le c.l pour faire vivre le blog et le club de lecture...


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