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-Le paradoxe d’Anderson- de Pascal Manoukian aux Editions Seuil par YC
Cet ouvrage défend la thèse que tout progrès est à double engrenage.
Il nous plonge dans la vie d’une famille de prolétaire dont les enfants sont la seule richesse. A 17 ans, Léa, fille ainée, prépare son BAC.
La famille habite dans le nord de l'Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles.
Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Drame social, familial et humain, nous retrouvons ici le thème cher à Victor Hugo et son fabuleux « Germinal » mais aussi « Les vivants et les morts » de Gérard Mordillat.
Et le paradoxe d’Anderson, vous savez ce que c’est ? Moi, j’ai du chercher. En voici, une définition : Le paradoxe d'Anderson est le fait que malgré un niveau de diplôme supérieur à celui de leurs parents, les enfants ne parviennent pas à atteindre un statut social plus élevé que le leur.
-L’arbre monde- de Richard Powers aux Editions Cherche Midi qui a obtenu le grand prix de littérature américaine par BC
L’auteur, scientifique de formation essaie toujours de lier les sciences et la littérature. Il nous propose ici un roman scientifique. Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec la découverte du mystère de la communication entre les arbres.
Au fil des pages, Richard Powers nous fait cheminer par différents thèmes :
C’est le combat de neuf anti-héros qui vont se retrouver autour de la cause des arbres et de leur défense au parfum d’hymne à la nature, d’amitié et d’amour. Passionnant et tellement d’actualité.
-Trois fois la fin du monde- de Sophie Divry aux Editions Noir sur blanc (vous pouvez découvrir son analyse en replay sur France 5 La grande librairie du 5/12/2018) par BC
L’auteur décline la vie de son personnage, Joseph Kamal, en trois actes. Trois vies, trois fins de son monde.
Après une vie sans trop d’histoires, Joseph Kamal est jeté en prison suite à un braquage avec son frère.
Sa deuxième vie commence ici en détention, brutalité au quotidien, incarcération, désespoir, il n’a pas de choix possible, seulement courber la tête et s'adapter.
Une explosion nucléaire décime la moitié de la population et lui permet d'échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Il n’est pas contaminé. Sa survie est sa troisième vie. Poussé par un désir de solitude absolue, il s'installe dans une ferme désertée, avec un mouton et un chat, au cœur d'une nature qui le fascine. C’est le grand thème de l’homme face à lui-même et son accablement, l'histoire revisitée d'un Robinson Crusoé.
Trois fois la fin du monde est une ode envoûtante à la nature. L’intervention du « je » puis du « il », le langage familier, le thème même de l’ouvrage nous laissent une amertume qui dérange alors qu’il est d'une force poétique remarquable.
Voici un extrait : « Au bout d’un temps infini, le greffier dit que c'est bon, tout est en règle, que la fouille est terminée. Il ôte ses gants et les jette avec répugnance dans une corbeille. Je peux enfin cacher ma nudité. Mais je ne rhabille plus le même homme qu'une heure auparavant. »
-Swing Time- de Zadie Smith aux Editions Gallimard par MT et GC
Le titre est inspiré du nom d’une comédie musicale avec claquettes.
Deux petites filles métisses d'un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d'un cours de danse. Une relation fusionnelle dont le fil rouge est la danse, se noue entre elles. Elles se rêvent danseuses. La narratrice est la plus sage des deux jeunes filles, son nom ne sera jamais donné dans l’ouvrage, peut-être que cette histoire romancée est celle de l’autrice… Deux destins, deux temporalités qui se croisent, se mêlent, se démêlent. Les chapitres se succèdent et intercalent leurs vies d’adulte avec l’enfance des deux jeunes filles. Tracey est la plus douée. Elle intègre une école de danse, la narratrice, elle, poursuit une scolarité classique et toutes deux se perdent de vue. La plus sage devient l'assistante personnelle d'Aimée, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, et vit sous le joug de la pop star. Tracey tente de percer dans le monde de la danse.
Les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse.
Cet ouvrage propose une prise de conscience, un recul par rapport à la vie et ses valeurs. L’importance de l’enfance dans la construction de la vie d’adulte souligne les difficultés de la vie des hommes de couleur et des métis.
-Ce jour-là, c’est arrivé- de Patrick Groult aux Editions Bookelis
Tout l’ouvrage décline les valeurs de la vie et de l’amour, la destinée de chacun…
Le héros perd son fils et sa belle-fille dans un accident de voiture. Il perd pied et tente de se reconstruire au bout du monde puis à Paris. Un long chemin de solitude et de résilience.
-L’ordre du jour- d’Eric Vuillard aux Editions Acte Sud Prix Goncourt 2017 par PG
« Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants. » Eric Vuillard, écrivain talentueux, alliant une construction simple à une clarté des textes très appréciée.
-Un monde à portée de main- de Maylis de Kérangal aux Editions Galimard par AA
Après un bac sans ambition, Paula a annoncé à ses parents qu’elle souhaite apprendre l’art de l’illusion, l’art du trompe-l’œil à l'Institut de la rue du Métal à Bruxelles. C’est la première partie du livre, six mois où elle y rencontre Jonas, son colocataire, Kate, son amie. Ils partent en stage apprendre à imiter les décors naturels.
La deuxième partie dépeint la réalité de l’existence grâce à cet art. Le récit dépeint avec justesse le quotidien, les doutes et les joies de jeunes étudiants artistes d'aujourd'hui. De Paris, à la grotte de Lascaux, en passant par les studios de Cinecitta, la variété de leurs expériences cadence le roman, et en fait un véritable roman documentaire. Le choix des mots justes, de l’utilisation du chant lexical artistique mélangé au langage familier évite toute chute de rythme, tout en instruisant le lecteur sur l’art subtil du trompe-l’œil.
Maylis de Kerangal, durant ces 285 pages nous propose une véritable réflexion sur la création et l’imitation. Le résultat est époustouflant.
-Les exilés meurent aussi d’amour- d’Abnousse Shalmani aux Editions Grasset par MG
Ce roman est la description d’une famille de révolutionnaires qui prend à son compte la révolution en Iran et la raccroche à toutes les révolutions jusqu’à se rapprocher de Daesh. Il met en lumière la lutte d’une enfant contre la haine familiale.
1985, une famille d’iraniens immigre à Paris et rejoint le reste de la famille déjà là. Shirin, la narratrice va perdre ses parents dans le refuge de Paris et de cette famille venimeuse. Toute une famille, où règnent la haine et le sadisme, une famille qui ignore l'amour ou le tue dans l’œuf. Les personnages sont inédits. Ils sont cruels et prêts à ce que mort s'ensuive. La guerre qu'ils ont fuie est à la maison, et l'exil est double pour Shirin. Elle a perdu son pays. Elle est perdue tout court. Seule dès l'enfance, en morceaux. « L'exil tue la filiation, il renverse le rapport de force. ». Une place particulière pour « Tout petit frère », dernier né de la famille, herboriste qui pour « sauver » sa maman devient son « vengeur ». Certains membres de la famille ouvrent les yeux et prennent conscience de la vie en France alors que les autres s’emmurent dans leur déni et leur haine.
La volonté de l’autrice de se servir de l’exil comme exutoire dérange et met mal à l’aise.
-La vraie vie d’Adeline- Dieudonné aux Editions L’Iconoclaste par FL a obtenu le prix du roman FNAC 2018
Piégée entre un père chasseur, alcoolique, brutal et une mère dépressive éteinte que la narratrice décrit comme une amibe, l'héroïne dont nous ne connaitrons jamais le prénom, tente de sauver son petit frère, Gilles, traumatisé par l'accident mortel du marchand de glace auquel il a assisté.
« Je », puisque le roman est écrit à la première personne, voue un amour passionné pour son petit frère. Traumatisés par l’accident dont ils ont été témoins, ils ne peuvent exprimer leur douleur et Gilles va avoir de gros soucis psychologiques. « Je » va conserver l’espoir fou que tout pourra redevenir comme avant. Avant que la vraie vie ne laisse place à ce cauchemar, remonter le temps pour que son petit frère retrouve sa joie de vivre.
Les phrases sont courtes, incisives. Un premier roman qui ne laisse pas indifférent, un univers à fleur de peau, étouffant.
-L'habitude des bêtes- de Lise Tremblay aux Editions Delcaut Littérature par PL
C'est l'histoire d'un homme qui a passé sa vie à ne vivre que pour lui. Une femme qu'il a laissée à l'abandon, une fille "complètement fêlée" qui a manqué terriblement de l'attention d'un père. Un chiot qu'on lui impose et une retraite prise comme une évidence plus tard, nous le retrouvons en pleine prise de conscience de l'inexactitude de sa vie dans un décor grandiose de nature sauvage dans le Nord du Canada. Il y mène une vie solitaire et tranquille, ponctuée par les visites de Rémi, un enfant du pays qui lui rend de menus services, et par la conversation de Mina, une vieille dame sage. La période de chasse laisse la place aux bas instincts de certains braconniers et vient rompre pour un temps le fragile équilibre qu'il tente de se construire.
Ce livre est une ode à la nature, une chronique douce du temps qui passe. L'écriture de Lise Tremblay va droit à l'essentiel.
Ah ! le beau compte rendu de la réunion du 9 octobre dernier ! on l’a attendu longtemps mais ça valait la peine. On est contents ! et c’est documenté ! pas du recopiage de quatrièmes de couverture. Il y en a pour tous les goûts. C’est l’interêt de ces rencontres de lecture. Chacun peut choisir ce qui lui plait. Donc un bravo à Pascale, bien mérité. Juste une remarque, comme ça, histoire de dire. Un peu agaçant, tous ces doublons : le livre sur Bojangles (oublié le titre) commenté deux fois, en 2017 et 2018, la conf sur Schwzeig – non c’est pas ça ! c’est Zweig et Sch… mrd ! j’abandonne, trop compliqué, le lecteur rectifiera de lui-même- programmée deux fois à un an d’intervalle, les recettes de Violette pareil. Bon ! elle a fait un magnifique boulot pour notre mémoire, le mal qu’elle s’est donné à aller chercher tous ces trucs à droite et à gauche ! il n’est pas question de contester la valeur de son travail, mais est-ce que c’est sa place dans un blog de club de lecture ? C’est pas les mêmes recettes que la première fois et on en cause à travers deux bouquins, mais ça fait beaucoup de bouffe tout cru tout cuit, non ? Moi, ce que j’en dis…
Je vois que l'année 2019 vous trouve en forme, cher Un de l'Escouissier! Je comprends que des questions se posent. Pour Bojangles, j'avoue: coupable!! Emportée par la découverte de ce bouquin, j'ai voulu le partager avec vous tous sans vérifier qu'il avait déjà été traité. Pas de mal, me direz-vous ... Pour la conférence sur Zweig et Snchitzler, c'est l'occasion de retrouver Patrick Groult qui a sorti son dernier roman et de permettre à ceux qui n'avaient pas pu participer de découvrir ou comprendre ces deux auteurs. Et pour Violette, n'avez-vous aucun plaisir à retrouver ces paroles d'anciens de nos montagnes bercées par le rythme particulier de ses auteurs préférés ? Voyons, voyons, c'était juste pour dire... ;-) . Le meilleur pour la fin, je vous souhaite une belle année, belle et bonne, littéraire, artistique! Des courses gagnées plein vos poches et surtout la santé et la prospérité!